Le streaming du jour #1756 : Havenaire - ’Rabot’
Il suffit parfois de quelques secondes pour que certains disques vous glacent le sang. Rabot appartient à cette caste. Le titre homonyme introductif n’a débuté que depuis dix secondes, et l’on sait déjà que l’on aura envie de choyer cet album.
En 2016, John Roger Olsson a décidé de quitter la formation The Grand Opening qui proposait une pop mélancolique pour créer un projet ambient dont il serait le seul maître à bord. Tremolo, premier long-format, était ainsi paru chez Constellation Tatsu.
Mais avec Rabot, il pousse l’expérimentation à un niveau encore plus intense et profond. Celui qui était à l’origine guitariste et batteur fait plus que jamais des synthétiseurs analogiques, qu’ils soient monophonique (Moog Sub Phatty) ou polyphonique (Roland Juno-106), le centre névralgique de compositions aux sombres résonances.
Les nappes semblent danser autour de l’auditeur qui n’a pas d’autre choix que de lâcher prise face à ce ballet drone-ambient, répétitives mais jamais redondantes, concoctées par le Suédois. Celui qui avait enregistré pour Bureau B un disque en collaboration avec Linus Larsson est désormais signé chez Glacial Movements aux côtés de bvdub, Philippe Petit, Loscil ou encore Machinefabriek.
Du lourd, mais Havenaire n’a pas à rougir de la comparaison avec les têtes de gondole du label, tant l’intensité est en permanence à l’honneur. Rabot fait partie de ces disques qui permettent à l’auditeur d’interroger son rapport au monde et même sa propre existence sans que l’on ne comprenne réellement pourquoi la magie opère davantage que sur d’autres sorties.
L’artiste basé à Stokholm s’est inspiré de vieilles photographies captées en 1910 par le géographe Fredrik Enquist. Chacun de ces six morceaux vaporeux prend son temps. Il prend sa source sur une illustration concrète et explore, par le biais d’indispensables et délicieuses nuances, des territoires voisins pourtant défrichés.
La Suède possède une faible densité de population. Il reste donc de nombreuses zones à découvrir. De bon augure pour la suite des aventures que saura à coup sûr nous proposer John Roger Olsson. Le voyage ne fait que commencer, mais il est déjà somptueux. Du genre à faire développer un syndrome de Stendhal dans l’esprit de l’auditeur...
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