Live Report : Girls In Hawaii (L’Etage, Rennes, 1er Décembre 2017)
Girls In Hawaii en concert, voilà qui rappelle de vieux souvenirs. Ceux d’une première rencontre à La Route du Rock en 2004 pour recevoir un revers en pleine face, découvrant là, encore adolescent, une troupe de Belges dont le premier album allait bouleverser mon rapport à la musique.
Et puis, deux nouvelles rencontres, une première de nouveau à La Route du Rock en 2008, et une autre quelques mois plus tard dans une salle costarmoricaine, où le combo défendait un Plan Your Escape qui semble devoir rester son chef-d’oeuvre pour l’éternité.
En 2010, le décès de Denis Wielemans dans un accident de voiture laisse le groupe orphelin d’un batteur, mais c’est surtout une partie de son âme qui s’évapore. Everest sortira bien deux ans plus tard, mais le coeur n’y est plus tout à fait et le nouveau batteur ne s’intègre pas tout à fait au combo. Cela se sent. Girls In Hawaii a-t-il encore un avenir ?
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que oui. Il faut dire qu’à défaut de faire l’unanimité, l’excellent Nocturne, propose un nouvel angle, plus atmosphérique et labyrinthique, synonyme d’un groupe en pleine mutation, mais surtout profondément vivant. Les Belges le clamaient déjà avec un titre tel que Not Dead sur l’album précédent, mais ils joignent désormais les actes aux paroles.
Sur la scène rennaise, les six musiciens vont proposer un condensé de ce qu’ils peuvent offrir de meilleur. Et cela commence très fort avec un Flavor, sommet du From Here To There initial, instaurant d’emblée une énorme tension qui, malgré quelques légers decrescendos, ne retombera jamais totalement.
Il faut dire que l’enchaînement suivant, composé d’un This Light électrisé et d’Indifference, convoque deux des titres phares de Nocturne. Le choix de la setlist constitue l’une des réussites de Girls In Hawaii sur ce concert et sur cette tournée d’une manière générale. Les quatre albums sont représentés et jamais de manière anecdotique tant les sommets de chacun sont de la partie.
Même les morceaux issus de Everest parviennent à transcender le public autant que le groupe, de Switzerland à Not Dead jusqu’au sommet Misses sur lequel, comme un symbole, Lionel Vancauwenberghe et Antoine Wielemans, les deux chanteurs, échangent des sourires qui traduisent autant leur complicité que la guérison d’un groupe qui est arrivé au terme d’un deuil apparemment impossible.
Le premier disque du sextet n’est pas en reste, Time To Forgive The Winter étant joué, comme un clin d’œil aux rouleaux d’hiver, à défaut de rouleaux de printemps, que le groupe confie avoir mangé avant le concert, louant la qualité du repas qui leur a été servi au point de recommander au public de fonder un groupe pour profiter des festins en loge. Found in the Ground et ses géniales envolées est également joué. Seul manquera à cette setlist un Organeum voire un Bees And Butterflies, mais ne soyons pas trop gourmands.
En effet, alors qu’ils semblaient partis pour le bouder, les extraits de Plan Your Escape finissent par s’accumuler, à commencer par Sun of the Sons avant l’enchaînement Road To Luna/This Farm Will End Up In Fire/Birthday Call, ces deux morceaux étant incontestablement les sommets du disque, voire de la discographie d’un groupe qui évolue alors dans une veine électrique contrastant avec les atours synthétiques du dernier disque.
Au-delà du simple choix des titres, c’est évidemment la manière dont ceux-ci sont interprétés qui rend cette soirée particulièrement aboutie. La synthèse des différentes périodes du groupe gagne chacun des titres, et des détails synthétiques s’ajoutent aux morceaux des premiers albums tandis qu’une énergie rock pondère le virage électronique du dernier album, à l’image d’un Guinea Pig dont les effets de saturation vocale proches de l’autotune sont addictifs.
La communication du groupe est tout sauf minimaliste, ceux-ci se permettant d’évoquer, au-delà de leur dîner, le climat rennais, la capacité du public breton à mettre l’ambiance ou une visite dans un magasin d’antiquités tenu par un ancien musicien de Montgomery. Un vrai bon moment qui s’achève, avant un dernier rappel pour un Plan Your Escape en duo, avec un A.M. 180 emprunté à Grandaddy sur lequel la voix d’Antoine Wielemans n’a finalement rien à envier à celle de Jason Lytle sur une reprise extrêmement fidèle à l’originale mais néanmoins pertinente.
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