Le streaming du jour #1741 : JOSIN - ’Epilogue EP’
Née à Cologne d’un père allemand et d’une mère coréenne avant de s’établir en France durant sa jeunesse, JOSIN n’a jamais suivi un chemin rectiligne et le 12" Oceans Wait paru l’an dernier témoignait déjà de son affection pour les contre-allées.
Avec l’EP Epilogue, celle qui a décortiqué les albums de Björk dans sa jeunesse propose une pop aussi hantée que complexe dont le Oh Boy initial permet de situer d’emblée la teneur de la claque qui s’annonce. Il y a un soupçon de Radiohead dans la progression de ce titre dominé initialement par la voix puissante de l’artiste qui manifeste néanmoins un voile de pudeur, avant que les arrangements synthétiques et accords de piano qui soutenaient timidement cette voix ne s’étoffent et n’amènent ce titre vers une direction aussi fantasmagorique que labyrinthique.
L’accointance avec le quintette d’Oxford se poursuit sur un Midnight Sun bâti du même bois que le titre précédent, mais arrangé d’une manière différente qui donne l’impression d’entendre une face B de la période Amnesiac, une certaine proximité vocale avec les tourments qui étaient ceux de Thom Yorke à cette époque pouvant d’ailleurs être perçue.
Les cordes frottées font leur apparition sur The One (Epilogue), lequel admet par ailleurs des beats accompagnant une impeccable montée en puissance qui prend des allures de course. Contre quoi, nul ne le sait précisément. Est-ce face au temps, aux éléments, à l’adversité ou contre elle-même que l’artiste se bat ? Qu’importe après tout mais ce titre instrumental lui permet d’élargir sa palette d’outils.
Jouant sur le même registre froid et cristallin hanté par des beats discrets mais convulsifs rappelant l’univers de Lali Puna, Feral Thing convoque un océan de beauté et de mélancolie. Ou quand la tristesse est jouissive. Plus que des formules toutes faites, seule l’écoute des compositions de JOSIN pourra lui rendre hommage, l’aspect minéral et délicat de ces atmosphères n’étant qu’un préliminaire que le dédale des progressions enrichit en véhiculant de plus en plus d’émotion au fur et à mesure que celles-ci se complexifient.
Pour achever cet EP, l’Allemande convoque de longues notes aux subtiles variations à l’aide de claviers froids sur un Evaporation qui prépare l’auditeur à accepter une séparation à laquelle il ne pourra se résigner. En espérant que cet épilogue constitue un "au revoir" plutôt qu’un "adieu"...
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