Kingbastard - ERROR EP
Sortie le : 13 octobre 2017
Avant de nous étendre plus amplement sur le superbe The Grey Ghost Of Morning sorti par Chris Weeks en début de mois sur le label Archives, c’est à l’alias plus électronique du droneux britannique que l’on s’intéresse à l’occasion de ce trois-titres dont les déconstructions cyber-organiques devraient marquer l’année des amateurs de courts formats aventureux et saisissants.
Successeur du déjà bien déglingué System Restore de janvier 2016 qui s’éparpillait un peu trop sur plus d’une vingtaine de courtes vignettes - entre IDM régressive, glitch funky, house rétrofuturiste et wonky - pour vraiment faire son effet, et surtout des EPs Amitriptyline Dreams et Data plus immersifs et aboutis, ERROR perpétue les abstractions robotiques névrosées de ce dernier dans une veine encore plus mutante et anxieuse dont l’alternance entre ambient cybernétique aux beats épars (Human) voire même absents (Machine) et IDM alambiquée aux rythmiques éclatées (Being) n’est pas sans évoquer Autechre.
Allégorie de l’humanité des machines de plus en plus d’actualité à l’heure où les intelligences artificielles développées par l’homme se retrouvent dotées de capacités d’auto-apprentissage assez troublantes, ERROR préfigure ce qui sera peut-être la prochaine étape de l’évolution des réseaux de neurones artificiels : cette angoisse et ce spleen sous-jacents que les êtres conscients ressentent parfois sans pouvoir se les expliquer (Human). Il faudra une erreur, forcément, dans les algorithmes complexes qui meuvent l’anxiogène Being, pour en arriver à cet état de dérèglement intérieur dont le malaise des glitchs le dispute à celui du silence (Machine).
Mais cette identification de l’Anglais aux âmes de silicone soulève une autre question, autrement dérangeante : quid de l’être humain et de son "empathie" grandissante pour les machines, le virtuel, les relations désincarnées ? Une déshumanisation des émotions inversement proportionnelle à l’humanisation de celles qui supplanteront peut-être un jour leurs créateurs et érigeront en prophètes, qui sait, ces pionniers du label Warp auxquels Chris Weeks n’a aujourd’hui plus rien à envier.
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