Aldous Harding - Party
Elle y est donc. Trois ans après son premier disque homonyme, Aldous Harding doit confirmer les espoirs placés en elle. Et avec Party, elle les dépasse largement et accomplit ce qui s’apparente déjà à son grand-oeuvre. Sous son nom festif, Party est l’un de ces albums qui souffle le chaud et le froid, offrant neuf délicates séquences puisant leurs racines dans la folk, mais refusant toute stagnation.
1. Blend
2. Imagining My Man
3. Living The Classics
4. Party
5. I’m So Sorry
6. Horizon
7. What If Birds Aren’t Singing They’re Screaming
8. The World Is Looking For You
9. Swell Does The Skull
Il n’y a qu’à écouter le sommet Imaging My Man pour se convaincre de la tonalité de ce grand disque. Et de la facilité avec laquelle la Néo-Zélandaise déroule ces neuf compositions. Il y a tout sur ce titre, de délicats accords de piano qui battent finalement plus la mesure qu’une batterie minimaliste ne s’affirmant véritablement - car elle n’est pas indispensable auparavant - que dans le dernier tiers du morceau, une voix emphatique dépouillée, des choeurs transcendants, de somptueux arrangements de cordes, mais surtout une construction impeccable qui conduit l’ensemble vers une montée en puissance contenue, subtile et fluide, convoquant néanmoins une indéniable exaltation.
Il serait biaisé d’affirmer qu’Aldous Harding puise dans un répertoire en particulier, que ce soit celui d’un prédécesseur ou d’un contemporain. Il est pour autant difficile d’échapper au name-dropping, et la grâce des arrangements comme la fluidité du piano font parfois penser à Agnès Obel (What If Birds) bien que la voix et la tonalité des titres, plus lumineux que ceux de la Danoise, n’aient pas grand-chose à voir.
Même si, là encore, l’accointance musicale n’est pas particulièrement prégnante sur l’ensemble du disque, la PJ Harvey des débuts hante certains titres tel que Party et sa délicate guitare folk à la Bert Jansch. Le fait que la production soit assurée par John Parish ne fait qu’épaissir le trait d’union entre les univers des deux artistes. Il y a même quelque chose de Dry sur cette pochette, les lèvres d’Aldous Harding y occupant une place centrale, crevant l’écran comme celles de la Britannique en 1992.
Enfin, la délicatesse des harmonies d’un Horizon ne sont pas sans rappeler Joanna Newsom. De prestigieuses références qui ne sauraient rendre grâce à la singularité d’un univers qui s’appuie pourtant sur des bases parfaitement classiques. La guitare et le piano dominent les débats sur le plan musical, une batterie et quelques cordes appuient parfois le tout, mais c’est bien la voix d’Aldous Harding qui s’impose. Pas dans une veine prétentieuse comme certains détracteurs dont on peine à comprendre le positionnement le prétendent déjà. Mais bien parce que les cordes vocales de la Néo-Zélandaise respirent la vie. Elles vont chercher leur essence au fond des tripes de l’artiste, sans même que ce qui constitue probablement un réel effort technique ne paraisse jamais forcé ou difficile.
Avec Party, Aldous Harding relaie donc sa vision de la vie en toute simplicité mais non sans ambition. C’est délicat, parfois candide mais jamais vain. Toujours subtil et sublime.
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