Le streaming du jour #1580 : Do Make Say Think - ’Stubborn Persistent Illusions’
Silencieux depuis 2009 et Other Truths, les musiciens de Do Make Say Think n’ont pourtant pas perdu la main en près d’une décennie et proposent un septième long-format aussi envoûtant que ses prédécesseurs.
Entre-temps, certains ont déclaré la (petite) mort du post-rock. Il est vrai que certaines pierres angulaires du mouvement déçoivent depuis une paire d’albums, qu’il s’agisse de Mogwai ou A Silver Mt Zion Memorial Orchestra, tandis que d’autres cadors dont les publications sont indispensables à toute discographie qui se respecte, de Tortoise à Godspeed You ! Black Emperor en passant par Mono ou Explosions In The Sky, ont pu présenter des disques qui, s’ils étaient tout à fait honorables, ne possédaient pas autant de génie que leurs chefs-d’oeuvre d’antan.
Bref, rien de nouveau sous le soleil. Le post-rock a vécu et il vivra encore, mais peut-être qu’à l’instar du shoegaze, il lui faudra attendre près d’un quart de siècle pour retrouver ses titres de noblesse. En attendant, s’agissant de ce mouvement, Stubborn Persistent Illusions figurera incontestablement parmi les albums de la décennie, aux côtés du Asunder, Sweet and Other Distress de GY !BE, du Dalmak d’Esmerine ou du Where Do We Go From Here ? de Robin Foster.
Une liste forcément singulière à laquelle chacun ajoutera ses disques de chevet, mais Stubborn Persistent Illusions est de ce calibre et cela tient en grande partie dans le fait qu’il n’applique aucune recette. Pas de posture, pas d’excès d’emphase et encore moins de prétention. La technique ne prime jamais sur l’essentiel, à savoir la manière dont les guitares et batteries cohabitent.
Le travail d’écoute est fondamental chez les Canadiens et il apparaît d’emblée qu’aucun instrument ne cherche à tirer la couverture à lui. Ce n’est donc pas l’un de ces innombrables disques de post-rock cherchant à copier ses aînés qui nous est offert. Non, Do Make Say Think fait justement partie de ces aînés qui ont compris que leur jardin était déjà défriché et que pour se renouveler, il fallait chercher des idées dans celui du voisin pour mieux revenir biner le sien.
Les cordes désarmantes d’un Her Eyes On The Horizon cinématographique tout en retenue évoquent ainsi l’univers - encore eux - de Godspeed You ! Black Emperor, et c’est même le spectre de Sonic Youth qui est ressuscité sur And Boundless mêlant guitares claires et enchaînements expérimentaux.
Constructions à tiroirs, sincérité et évidence de la démarche allant du free-rock de Tortoise (Bound) à un math-rock aux guitares anguleuses jamais redondantes (As Far as the Eye Can See), les neuf compositions de ce septième LP de Do Make Say Think sont toujours en mouvement. S’il a fallu huit ans au combo de Toronto pour accoucher d’un tel disque, grand bien lui en a pris. En post-rock peut-être plus que dans bien d’autres mouvements, la précipitation est souvent l’ennemi du bien.
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