Entretiens à Twin Peaks : #40 - André Foisy (Locrian)

Retrouvez chaque semaine dans nos pages les interviews de quelques-uns des contributeurs à la future compil’ Twin Peaks d’IRM. A l’instar de son compère Terence Hannum, que l’on retrouvera également au générique de ce projet avec une formation encore trop méconnue et bien différente du metal et du dark ambient qu’il explore habituellement, André Foisy a plus d’une corde à son arc et à l’image de leur groupe Locrian, passé en l’espace de quelques années du drone déliquescent, doomesque et noisy de The Crystal World chez Utech au prog-metal épique, libertaire et mystique de Return To Annihilation et Infinite Dissolution sur l’éléphantesque label Relapse, il était difficile de prédire ce qu’allait nous faire le Chicagoan sur ce thème imposé.

On aurait bien misé une piécette sur l’austérité ésotérique et malaisante façon The End of History et il y a en effet quelque chose de ces progressions climatiques dans le morceau offert à notre compilation, mais trêve de suspense, ce sera au gré d’un crescendo de plus de 11 minutes à la guitare solo qu’André Foisy rendra hommage à la série culte de David Lynch et Mark Frost, dont il nous parle ci-dessous avant de nous éclairer sur deux nouveaux projets initiés l’an dernier.


L’interview



IRM : Comment résumerais-tu ton rapport à Twin Peaks ? A l’univers de Lynch en général ?

André Foisy : Ça me rappelle quand j’étais gamin et que je regardais la série avec mes parents. En général ils ne sont pas du genre à regarder des films surréalistes, donc c’est drôle pour moi de penser que je regardais ça avec eux.
La ville de Twin Peaks en elle-même me rappelle aussi un peu l’endroit où j’ai grandi, dans les montagnes rurales du nord de l’État de New York. Dans des endroits comme ça, un évènement tel qu’un meurtre finit vraiment par affecter tout le monde parce que la communauté est très réduite et interconnectée.
J’aime le surréalisme de David Lynch et la façon qu’il a de rendre si troublant quelque chose de très simple. Par exemple, un téléphone à cadran qui sonne, quelque chose qui semble pourtant si typique de l’époque, peut devenir tendu et étrange lorsque Lynch l’utilise.
Twin Peaks pouvait être vraiment glauque, mais la série avait dans le même temps un vrai sens de l’humour.

Ton personnage préféré dans la série ?

Leland Palmer était probablement mon préféré. J’adore la folie de sa performance quand il fait une dépression nerveuse et plus tard quand il est possédé par BOB.

Une scène qui t’a particulièrement touché... ou fait flipper ?

Je ne suis pas sûr qu’être touché ou effrayé soit la description la plus juste de ce que la série me fait ressentir. La scène où Jerry et Ben Horne font leur danse est assez incroyable.

Tu as enregistré un morceau pour notre future compilation Twin Peaks, quel aspect de la série t’a inspiré ?

J’aime la façon dont certaines parties de la série rendent difficile au spectateur de dire s’il s’agit d’un rêve ou de la réalité.



Tu as eu vent de quelques-uns des musiciens impliqués dans ce projet. Duquel es-tu le plus curieux d’entendre la contribution ?

Je me souviens de beaucoup de grands noms. Je me rappelle avoir entendu dire que Thomas Ekelund et Aidan Baker en faisaient partie et j’aime ce qu’ils font [malheureusement Thomas a dû abandonner le projet, ndlr]. Oh, et Terence Hannum ! Que va-t-il nous faire celui-là ?

Un album vers lequel tu reviens quand il te faut ta dose de Garmonbozia ?

Quelque chose par Alan Dubin - probablement chez Khanate ou Gnaw. Si j’avais à choisir un album je dirais Clean Hands Go Foul.

Tu es apparu en 2016 sur une paire de projets moins connus (jusqu’ici du moins), The Startling Testimony Of Plumb Lines de ton nouveau quartette de post-metal psyché Lake of Violet en mars dernier, puis en octobre en tant qu’Eolomea (avec David Reed) sur la split cassette Heteroticisms Volume 2 en compagnie du duo doom/noise taïwanais Scattered Purgatory. Quelques mots sur ces sorties ? D’autres projets sur les rails ?

Le Lake of Violet est un album que j’ai enregistré avec quelques amis, dont Anthony Michael Couri qui jouait de la batterie dans Minsk. C’est un grand batteur. Il y a également Neil Jendon et Jacob Essak. L’album du Lake of Violet ressemble plus à un album de rock qu’aucune autre de mes sorties et j’aime ce qu’on en a fait. Neil chante sur le disque et son chant a donné quelque chose de joli et tordu à la fois.
L’album d’Eolomea est plus méditatif. Le morceau était composé de field recordings que j’ai enregistrés au parc Palmisano à Chicago. Le parc a été restauré en prairie indigène mais ce fut autrefois une carrière de calcaire et plus tard un dépotoir. David Reed a ajouté des synthétiseurs au morceau et ses contributions ont pour moi vraiment apporté une dimension onirique à cette musique.
J’ai un autre album d’Eolomea qui devrait sortir à un moment donné, mais je ne sais pas encore quand. Cet album est très contrasté, de feedbacks saisissants en passages plus méditatifs et presque krautrock.
Enfin, je vais aussi retrouver Steven Hess et Terence Hannum prochainement pour travailler sur un nouveau Locrian.




André Foisy sur Bandcamp / Facebook / Twitter




Original english version



IRM : How would you describe your relationship with Twin Peaks ? With the work/world of David Lynch in general ?

André Foisy : It reminds me of being a kid and watching the show with my parents. I usually don’t expect my parents to watch surreal films so it’s funny for me to think of watching that with them.
The actual town of Twin Peaks kind of reminds me of where I grew up as well, which was in the rural mountains of northern NY state. In places like that, things like a murder really end up affecting everyone somehow because the community is too small and intertwined.
I love David Lynch’s surrealism and how he can make something so simple so unsettling. For instance, Lynch’s use of a rotary phone ringing, which is something that seems so typical for the time, but when Lynch presents the phone ringing it becomes so tense and strange.
At the same time that Twin Peaks could be really creepy, the series also had a sense of humor.

Your favorite character in the series ?

Leland Palmer was probably my favorite. I just love how crazy his performance was when he suffered a nervous breakdown and later got possessed by BOB.



A scene that particularly moved - or scared - you ?

I’m not sure if moved or scared is the correct description for how the show makes me feel. The scene when Jerry and Ben Horne do their dance is pretty amazing.

You recorded a track for our forthcoming Twin Peaks compilation, what aspect of the series inspired you ?

I love how there are parts of the series that make it difficult for the viewers to tell if they are in a dream or in real life.

You heard about some of the musicians involved in this project. Which one are you the most curious to hear the contribution from ?

A lot of the names that I remember are great. I remember hearing that Thomas Ekelund and Aidan Baker are on board and I like their stuff [editor’s note : unfortunately Thomas had to bail out]. Oh, and Terence Hannum ! What’s he going to do ?

An album you often listen to when you need all your Garmonbozia ?

Alan Dubin - probably Khanate or Gnaw. If I had to choose then I’d say Clean Hands Go Foul.



You appeared in 2016 in a couple of (so far) lesser-known projects, The Startling Testimony of Plumb Lines by your new psychedelic post-metal quartet Lake of Violet last march, and in october as Eolomea (w/ David Reed) on the split cassette Heteroticisms Volume 2 with Taiwanese doom/noise duet Scattered Purgatory. A few words about those ? Some other projects on the way ?

Lake of Violet was an album that I recorded with some friends. It features Anthony Michael Couri who used to play drums in Minsk. He’s a great drummer. It also features Neil Jendon and Jacob Essak. The Lake of Violet album is more of a rock album than anything else that I’ve done and I love how it turned out. Neil sang on the album and his vocals really turned out nicely and weird.
The Eolomea is more of a meditative release. The track was made up of field recordings that I took from Palmisano Park in Chicago. The park was restored to be a native prairie and it used to be a limestone quarry and later was a garbage dump. David Reed added synthesizers to the track and his contributions really make the music feel dream-like to me.
I have an Eolomea album coming out at some point, but I’m not sure when. That album has a lot of dynamics from startling feedback to more meditative almost krautrock-like moments.
I’m getting together with Steven and Terence in the near future to work on new Locrian music too.




Un grand merci à André Foisy. Son morceau intitulé Préliminaires paraîtra sur notre compilation Twin Peaks au printemps.


Interviews - 04.03.2017 par RabbitInYourHeadlights


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