Le streaming du jour #1482 : Water Music - ’Starland’
Habitué de nos colonnes, MJ Barker fait partie de ces artistes que nous défendons avec ferveur, à tel point qu’il figure au casting de notre prochaine compilation en hommage à Twin Peaks. En attendant, il poursuit une oeuvre solitaire passionnante en y ajoutant un indispensable nouveau chapitre.
"Tant de choses se sont passées ces douze derniers mois. Avoir enregistré ces titres en studio avec un groupe notamment, mais vu la direction que les choses prennent, il faudra beaucoup de temps avant que tout soit prêt et satisfaisant. Alors, ’fuck it’. Voici les compositions originales" indique d’emblée l’Australien.
De récents échanges nous avaient effectivement fait espérer la sortie d’un disque produit par une nouvelle formation dont MJ Barker nous dévoilait quelques éléments en privé. Aussi, quelle ne fut pas notre (joyeuse) surprise en découvrant cette bombe lâchée spontanément le 21 janvier dernier.
Aussi génial qu’imprévisible, Water Music n’en est pas à son coup d’essai en matière d’impulsivité. L’an passé, il dévoilait déjà l’EP King / Beyond qu’il retirait quelques semaines plus tard de sa page Bandcamp, comme si celui-ci n’avait jamais existé.
Sa discographie, à l’image de ses compositions, n’est donc jamais linéaire, et il convient parfois d’être à l’affût pour se procurer les titres dévoilés - toujours en pay what you want - par Water Music tant leur durée de vie est incertaine.
Starland est essentiel dans la mesure où il prolonge et radicalise l’aspect tourmenté des complaintes que l’artiste basé à Melbourne a pris l’habitude de composer. Nous n’y croyions plus forcément puisque la perspective de le voir évoluer au sein d’un trio promettait une prise de distances avec l’aspect lo-fi qui constitue l’une des composantes essentielles du son qu’il élabore, mais aussi de cette éternelle et infinie désolation si authentique qu’elle parviendrait à remonter le moral de n’importe quel esprit prompt à relativiser ses malheurs à l’aune de ceux de MJ Barker.
Nous pouvions donc croire que l’Australien allait mieux. Que nenni. Et si le prédécesseur Ships était un album de deuil - celui de sa sœur qui s’était donné la mort quelques semaines auparavant - Starland ne respire pas non plus l’optimisme.
Surtout, la qualité de ces versions imaginées comme des démos ne peut qu’épater. Ne sont-ce pas des réminiscences de la voix de Thom Yorke que l’on entend sur le désarmant Dust ? La voix de MJ Barker semble toujours plus sur le fil et, au diable tous les clichés, une certaine assurance artistique - à défaut de la maturité constamment ressassée - lui permet d’avancer avec le peu de certitudes qu’un évident manque de confiance en soi permet néanmoins d’accumuler. On retiendra notamment Magician, potentiellement ce que l’artiste a réalisé de plus abouti, parfaite pop song à la construction labyrinthique et au caractère désarmant sans égal.
On ne recommandera donc pas l’écoute de Starland aux esprits les plus instables - quoi que, comme nous le disions, le désespoir de MJ Barker peut permettre de réévaluer le sien - mais il n’en reste pas moins que ce disque a suffisamment d’étoffe pour en faire une sortie majeure de ce courant lo-fi qui voit Water Music s’affirmer comme l’héritier le plus prometteur de Mark Linkous ou Daniel Johnston.
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