Le streaming du jour #1470 : LPF12 - ’Missiles’
Habitué depuis quelques années des compositions hors-format de 50 à 60 minutes dans une veine plus ambient (en témoignent notamment les séries Whiteout ou Subliminal Beast), LPF12 revient sur ce Missiles lâché hier à des morceaux plus "succincts" - entre 5 et 10 minutes tout de même - pour la première fois depuis Signals From The Season Of Dust, successeur à l’époque (2013) de l’inégalé Circular Collapse. Un nouvel opus qui parvient à tirer le meilleur du sens de la progression atmosphérique des dernières réalisations de l’Allemand comme des influences électroniques plus en tension mais tout aussi cinématographiques de ses sorties chez Abstrakt Reflections ou Ionium Records à l’entame de la décennie.
En résulte un disque où les morceaux s’interpénètrent avec un naturel confondant à la façon d’une bande originale imaginaire, traçant les contours d’une psyché où besoin d’évasion côtoie angoisse (les interférences dissonantes de Summe) et mélancolie. A l’IDM stellaire mâtinée sur le Nan_O introductif ou plus loin sur Open Invitation de percus africaines se frottent ainsi des claviers cafardeux résonnant dans le vide cosmique, lesquels se muent parfois comme sur Plain Interest en nappes ambient un peu moroses rêvant de paysages hors de portée (cf. les field recordings de savane africaine du même morceau).
De l’isolationnisme maussade de Carcinoe X à la nervosité radiante de Dhaveq en passant par les rêveries neurasthéniques d’un Eins où les blips post-industriels martèlent des nappes de synthés élégiaques à la façon d’Eno ou des derniers Steve Roach, Sascha Lemon nous plonge de son propre aveu dans les méandres parfois malaisants de son cœur et de son âme, une dimension labyrinthique dont les crescendos mouvants culminent sur les 9’46 d’Arya, décollage tour à tour fébrile, anxieux puis finalement presque méditatif pour un Ailleurs qui ramène finalement toujours à soi et à ses propres tourments intérieurs - et à ce titre même le havre de paix apparemment trouvé sur Konklusion n’échappe pas à quelques pianotages hantés au second plan de son étrange mixture de guitare acoustique et de spatial ambient.
L’un des plus beaux disques de son auteur.
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