Le streaming du jour #1413 : Hospital Ships - ’The Past Is Not A Flood’

Deux personnages aux allures bibliques s’élèvent sur un petit lopin de terre. L’un, dans la force de l’âge, porte une barbe brune en collier tandis que l’autre, lui donnant face, arbore une pilosité fournie poivre et sel qui trahit une certaine expérience de la vie. Tous deux portent une bougie et semblent se recueillir dans une attitude hésitant entre manifestation d’un vif respect et tristesse contenue.

Telle est la pochette de The Past Is Not A Flood, quatrième album de Hospital Ships, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est en accord avec le contenu musical du disque. Les six titres qui le constituent - pour trente sept minutes - semblent composés spécialement pour favoriser un voyage introspectif chez l’auditeur.

Dès les premières envolées élégiaques de You And I, ce dernier peut se perdre très loin dans ses pensées et le sentiment d’entendre un Mercury Rev dépouillé peut parfois émerger, aussi bien pour l’évidence et la classe musicale que pour une certaine accointance vocale avec Jonathan Donahue.

A nouveau produit par le fidèle John Congleton, également aux manettes sur certains disques de Chelsea Wolfe ou Modest Mouse, ce quatrième opus voit Jordan Geiger s’acoquiner avec Thor Harris, percussionniste des Swans. Tous deux abordent avec insistance le thème de l’angoisse de la mort. Le deuil est d’ailleurs le sujet de Long May You, somptueux titre dominé par un piano et une voix dont l’union fait parfois penser à Jeff Buckley.

Les textures granulées et la voix en falsetto de Oh My Light rappellent que l’univers de Jónsi n’est jamais très éloigné, tandis qu’un hommage à feu Jason Molina est clairement assumé sur Nothing To Hide et que All In Time s’aventure vers des horizons presque pop à la Shearwater, ce qui n’a rien d’étonnant puisque Geiger et Harris ont tous deux officié au sein du combo de Jonathan Meiburg. Le spectre de Mojave 3 peut également apparaître sur Long May You.

Post-shoegaze hanté, downtempo onirique, choisissez l’adjectif qui conviendra le mieux. Quoi qu’il en soit, avec un barbu expérimenté et un autre au sommet de son art, l’illustration graphique de The Past Is Not A Flood, plus qu’à une quelconque mythologie, semble tout simplement faire référence au binôme ayant accouché de cette œuvre majeure qui parvient à partager une angoisse funéraire sans jamais s’avérer oppressante, ni morose.


Streaming du jour - 14.10.2016 par Elnorton
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