Le streaming du jour #1393 : Egadz - ’Bad Keys Drip’

Auteurs il y a deux ans de la petite tuerie d’abstract dissonant et vicié Sinking Swimmer EP, Egadz et John Pain avaient remis le couvert dans la foulée sous le nom de... Sinking Swimmer, traînant toujours leurs drums sursaturés et leurs synthés larsenisants façon scie sauteuse des Enfers du côté de notre label de chevet I Had An Accident Records. Ça c’était pour l’année dernière, mais pour en revenir à l’actu très très chaude de ce mois d’août, le premier - nettement moins malaisant mais finalement tout aussi brut de pomme en solo - sortait la semaine passée un petit bijou de beatmaking sous psychotropes rythmé live à la MPC dont vous nous direz des nouvelles.

Ça s’appelle donc Bad Keys Drip et ça nous vient tout droit de Black Box Tapes, la toute jeune structure de Sole qui fut un temps pas si lointain n’aurait pas craché sur ce genre d’écrins viscéraux bardés de distos narcotiques, de synthés kosmische et de saturations analogiques pour ses propres productions.

C’était la belle époque d’Anticon, des instrus signés Jel, Odd Nosdam ou Sixtoo et le Californien anciennement connu sous le pseudo DJ Egadz s’inscrit justement dans cette droite lignée à laquelle on pourrait rajouter l’excellent Dosh et puis surtout Black Moth Super Rainbow (de retour en catimini il y a quelques mois avec "les outtakes d’un sixième album encore inexistant" - Tobacco au tournant des 00s était d’ailleurs aussi passé par Anticon), avec l’univers duquel ces heavy beats à la fois rugueux et planants ont plus d’un point commun, à commencer par cet équilibre idéal entre minimalisme organique et luxuriance tantôt droguée (les très BMSR Bombs et Fresh Static ; Dark Colors et ses cascades de percus en échos), mélancolique (Dripz ; Hoods) ou cauchemardée (le surtendu Dead Right ; Shot Down) des synthlines astrales.

Les drums analogiques sont d’une redoutable efficacité, sans esbroufe ni fioriture, les motifs de synthés plus mélodiques qu’ils ne le paraissent de prime abord, et dans la continuité du bien-nommé et déjà très bon Heavier Percussion, la densité instrumentale décuplée ici par l’utilisation du delay n’est jamais synonyme de fouillis ou d’approximation, distillant même un certain lyrisme dans l’abstraction stellaire (les envolées stargazeuses de Night Tripper ou de Blood Grey) quand elle ne donne pas dans le groove psychédélique pur jus (le syncopé Smoke Screens).

Une belle claque de fin d’été en somme, mais avec suffisamment de substance et d’intensité par-delà la simple jouissance formelle pour ne pas rejoindre la longue liste des plaisirs estivaux aussitôt oubliés :


Streaming du jour - 26.08.2016 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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