Isobel Campbell & Mark Lanegan - Le Trabendo (Paris)
le 30/01/2007
Isobel Campbell & Mark Lanegan - Le Trabendo (Paris)
Après un passage l’été dernier à St-Malo pour la Route du Rock qui avait laissé les spectateurs sur leur faim, Isobel Campbell est de retour en France mais cette fois accompagnée de Mark Lanegan, ce qui est en soi un événement rare et unique. Le magnifique album Ballad of the Broken Seas , sorti il y a presque un an, a pu ainsi être défendu à sa juste valeur par ses deux véritables protagonistes.
En guise d’attente, un homme seul avec un chapeau de cow-boy, un banjo à la main se présente sur la scène du Trabendo. Il s’assoit sur un tabouret, ferme les yeux et se met à chanter devant un public qui le découvre pour la première fois sur une scène française. William Elliott Whitmore surprend et assure originalement la rythmique en battant la mesure du pied amplifiée par un micro au ras du sol. Et cette simplicité est très souvent entraînante, le public suivant la cadence du pied ou de la tête.
Mais le monsieur aux nombreux tatouages (pour l’anecdote, sur chacun de ses doigts est tatouée une lettre qui forment les mots "LIVE" et "FREE") impressionne surtout par sa superbe voix grave rappelant Nick Cave ou Johnny Cash. Et même si la musique se rapproche de la country, le chant, lui se veut plus influencé par les bluesmen américains. Les titres interprétés par cet américain semblent nous ramener tout droit vers les anciennes plantations de champs de cotons. Un bien bel et simple hommage à toutes les racines américaines qui pendant une demi-heure a fait facilement patienter les spectateurs.
C’est maintenant au tour d’Isobel Campbell et de Mark Lanegan de monter sur scène, et de démarrer leur set en douceur avec Revolver. Elle susurre. Lui assure d’une voix grave et profonde. La dualité de ces deux voix impressionne déjà, même si on le sent, elles ne sont pas encore tout à fait échauffées. L’ancienne membre de Belle & Sebastian et l’ancien chanteur des Screaming Trees essayent de s’accorder et se cherchent un peu sur ce premier titre. Sérieux et concentrés, peut-être intimidés, ils ne lâchent pas un sourire et un mot, leurs regards étant perdus dans le vide. Ambiance austère et curieuse mais pourtant envoûtante qui se prolonge avec Carry Home superbe reprise habitée de Jeffrey Lee Pierce du Gun Club par Mark Lanegan vraiment charismatique. Ses nombreux fans semblent d’ailleurs ravis que des titres de sa carrière solo soient joués ce soir-là. Après quelques titres, il quitte la scène discrètement, laissant Isobel Campbell seule. Mais pas tout à fait, puisque les deux se sont entourés pour cette tournée, d’un groupe formé de deux guitaristes, d’un bassiste et d’un batteur. Le backing band tient parfaitement son rôle restant en retrait et réussissant à recréer sur scène l’univers musical paisible et torturé à la fois, mélange de country et de folk que l’on retrouve sur Ballad of the Broken Seas . Une mention spéciale au batteur qui sait jouer avec discrétion et efficacité, tapant du tambourin sur certains titres.
Isobel Campbell en profite ainsi pour chanter la merveilleuse Willows song de son récent et dernier album solo. Timide, elle prend de l’assurance et remercie pour la première fois le public, esquissant quelques sourires. Elle est plus décontractée surtout qu’elle retrouve son violoncelle pour jouer sur quelques morceaux dont le bel instrumental It’s Hard to Kill a Bad Thing qui se termine dans un étonnant délire de distorsion. Elle pousse aussi une chansonnette italienne, à défaut de chanter en français car même si elle l’a déjà fait, elle dit trouver son chant « mauvais » dans notre langue. Appréciant l’accueil du public chaleureux, elle se montrera ainsi détendue et plus souriante jusqu’aux toutes dernières notes du concert.
Quelques minutes plus tard, sous les acclamations, Mark Lanegan rejoint de nouveau la charmante Ecossaise vêtue pour l’occasion d’un short avec boucle de ceinturon en forme d’aigle et de bottes montantes qui montre ainsi clairement son affection pour l’Amérique sauvage, celle des westerns que l’on prend plaisir à visiter au travers des différentes chansons interprétées ce soir-là. Do you wanna come walk with me ? et Deus Ibi Est sur lesquelles les voix des deux artistes se complètent parfaitement, sont superbes, à l’image d’ailleurs de tout le reste de leur répertoire. Mark Lanegan est toujours imperturbable. Il reste mystérieux et ténébreux, ne prononçant même aucun mot entre les morceaux durant tout le concert. C’est sa façon d’être et cela ajoute à son charme. Isobel Campbell amusée réussira tout de même durant un court moment à le déconcentrer par un regard et un sourire complice auxquels il répondra. Un des grands moments de la soirée fut Sand la très belle reprise de Lee Hazlewood et Nancy Sinatra auxquels on les a souvent comparés à juste titre. Mais il s’agit aussi d’une chanson qui avait déjà été reprise par Giant Sand et Lisa Germano sous le projet OP8 pour un album unique qui a très sûrement influencé la collaboration d’Isobel Campbell et Mark Lanegan : un album magnifique d’américana avec les mêmes atmosphères mélodiques et enivrantes sur lesquelles se croisent et se répondent une voix masculine posée et une voix féminine fragile, les deux de toute beauté.
Ainsi dans une ambiance ouatée et intimiste, le concert a revu en détail l’album de notre duo agrémenté de titres de leurs carrières solo. Il y aura même un morceau inédit accompagné d’applaudissements rythmés tout du long à la demande d’Isobel Campbell, une chanson qui a fait bel effet. Pour clôturer la soirée ce fut un dernier titre électrique et rageur de Mark Lanegan, Wedding Dress, qui a chauffé le public, mais malheureusement sans suite. Cependant, il n’y a pas à se plaindre, il y en aura eu tout de même pour plus d’une heure et quart de concert en la charmante compagnie de nos deux hôtes du soir.
Liens :
William Elliott Whitmore : http://www.myspace.com/whitmorewilliamelliott
Isobel Campbell : http://www.myspace.com/isobelcampbell
Mark Lanegan : http://www.myspace.com/marklanegan
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