Sur un Mediums un peu inégal l’an passé, Ill Clinton évoluait déjà du hip-hop instrumental cinématographique de l’excellent Ragnarok vers quelque chose d’encore plus épuré voire planant, toujours jazzy aux entournures mais moins crépusculaire, presque hédoniste par moments.

Avoir avoir évacué sa passion pour le hip-hop bis new-yorkais des 90s sur l’incontournable The Illvolution puis le rap de gros bras de l’underground East-Coast façon Jedi Mind Tricks avec l’efficace No Filter de Skrewtape produit en compagnie de son compère d’Us Natives, John E Cab, le Philadelphien termine sa mue sur A M B A P, fusion explicite de rythmes boom-bap et de nappes ambient aux accents capiteux (Dip On The 2) voire langoureux et surannés à l’image de Loods dont les boucles lascives épousent parfaitement les pirouettes de Cyd Charisse et Fred Astaire sur la vidéo que voilà :

Plus abouti que Mediums, ce mini-album parvient à trousser en à peine plus de deux minutes des atmosphères empreintes de mystère et de spiritualité. Chaque morceau est une miniature abstract délicieusement éthérée, les samples tantôt stellaires (The Hawk Eye, Blue Orchid) ou fantasmagoriques (Heward), enchanteurs (Weeziel, The Taste) ou cafardeux (cf. Kozmick, on ne se refait pas) contrastant avec les claquements lourds des beats sans fioritures. L’album idéal pour faire sauter le pas aux futurs amateurs de hip-hop qui s’ignorent.