Tarwater - Adrift
Le problème, lorsque l’on atteint les cimes, c’est que tout rapprochement vers la norme n’engendrera que déception et mépris. Sur le plan musical, on ne compte plus les formations qui, après avoir produit une paire de chefs-d’oeuvre, ne parviennent plus à retrouver la flamme qui leur permettait d’évoluer dans une autre dimension.
1. The Tape
2. Adrift
3. The Glove
4. Devon Saturday
5. Stone In Exile
6. Homology Myself
7. They Told Me In The Alley
8. Inreturn
9. Coconut Signal
10. Log Of The Sloop
11. The Evening Pilgrims
12. Ray
13. Rice And Fish
Quelque part, on en veut à ces artistes-là de nous avoir déçus. N’auraient-ils pas pu avoir l’élégance de poursuivre dans le génial ? A ce petit jeu, Tarwater a trinqué. Avec l’indépassable Silur en 1998 puis Animals, Suns & Atoms deux ans plus tard, le duo allemand était parachuté dans la catégorie de ces artistes de chevet qu’on aimera encenser jusqu’au jour où, baisse de régime oblige, on prendra plaisir à les piétiner.
Leurs deux derniers opus - Spider Smile en 2007 et Inside The Ships en 2011 - plus communs et parfois banals, constituaient une occasion en or pour ceux qui aiment être déçus. Les plus optimistes, eux, observaient que les Allemands n’avaient pas cédé aux sirènes de l’immédiateté et ne sombraient pas dans l’auto-caricature. Ces disques étaient certes moins fringants, mais la seule raison que l’on pouvait décemment avancer était le manque d’inspiration.
Et comment en vouloir à un duo qui avait fourni la bagatelle de onze disques en quinze ans ? Trois printemps plus tard - une période de maturation étrangement longue, égalant le record en la matière de la période pré-The Needle Was Travelling - il n’est nulle part question de nostalgie lorsque l’on écoute Adrift. On n’aime pas cet opus pour les souvenirs qu’il fait émerger en nous.
S’il porte la patte sonore de Bernd Jestram et Ronald Lippok, il est plus ouvert et aéré qu’un Silur sans toutefois atteindre la dimension presque pop de Animals, Suns & Atoms. Adrift est un disque générant des émotions diverses et souvent contradictoires. N’est-ce pas là la marque des grands disques, de ceux qui nous touchent en plein cœur et répandent leurs lignes mélodiques jusque sur nos dermes ?
A la fois sombre, épuré et mélodique (cela commence fort d’entrée à ce niveau avec The Tape), apaisant et menaçant (parfois dans un même titre comme l’éponyme Adrift), oppressant (The Glove) et aérien, purement électronique (Stone In Exile, sans doute le morceau le plus Silur-ien) ou intégrant une dimension de pop exigeante (Rice And Fish et ses faux-airs de Notwist), urgent (The Evening Pilgrims) ou nonchalant (They Told Me In The Alley), l’éventail d’émotions dégagées est très large.
Évidemment, les sentiments véhiculés permettent, à titre préventif, de lutter contre une monotonie dont on n’apercevra de toute façon l’ombre à aucun moment. A l’inverse, on écoutera encore et encore ce disque riche pour en percevoir à chaque fois de nouveaux détails, des lignes mélodiques et rythmiques s’entremêlant pour générer, selon notre perception de l’instant, une nouvelle approche du son.
Sur Adrift, Tarwater réalise ce que très peu d’artistes électroniques ayant de la bouteille parviennent à faire : avancer sans se répéter ni se conformer à la norme. En ce sens, on peut considérer qu’il était nécessaire pour les Allemands de redescendre dans la vallée le temps de deux albums pour prendre le premier téléphérique vers les cimes de la montagne voisine.
Se renouveler sans se renier. Reprendre la décennie d’avance qu’ils avaient perdus. Tels étaient les défis, relevés haut la main par les deux Allemands qui, d’où ils sont, peuvent regarder de haut le reste de la mêlée. Et gageons que ceux qui s’étaient empressés de se muer en détracteurs vont revoir leur jugement.
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