Le streaming du jour #1200 : Thurston Moore - ’The Best Day’
Qui d’autre que le quinquagénaire Thurston Moore, figure juvénile d’un rock exigeant fort de 30 années de quasi constance dans l’excellence avec Sonic Youth, pour symboliser la longévité et la curiosité sans cesse renouvelée de notre "streaming du jour", qui fête aujourd’hui sa 1200ème ? D’autant plus quand le New-Yorkais renoue sur son 4ème album The Best Day avec le rock à la fois mélodique et noisy qui fit les grandes heures du mythique combo en hiatus peu ou proue depuis le lancement de cette rubrique, sans pour autant se contenter de recycler son conséquent bagage discographique.
Honnêtement, à l’entame électrique et bluesy de ce quatrième opus en près de 20 ans de sorties solo clairsemées, on se surprend à regretter la parenthèse enchantée subtilement libertaire et finement orchestrée de Demolished Thoughts, petit bijou d’intensité entêtante et feutrée d’il a trois qui devait autant à son producteur Beck (également à la basse, aux synthés et aux backing vocals discrets) ou au violon pénétrant de Samara Lubelski (comparse de Moore depuis deux ans au sein de Chelsea Light Moving) qu’aux circonvolutions guitaristiques fureteuses du vieux compagnon de route Jim O’Rourke, producteur de quelques-uns des derniers grands disques de Sonic Youth, dont la capacité d’émerveillement intacte semblait avoir laissé des traces sur ces compos partiellement débranchées.
Et pourtant, assez rapidement, la rigueur entêtante de ces chansons sombres et introspectives aux montées de tension aussi vite désamorcées qu’enclenchées nous ramène en terrain familier, celui du Sonic Youth 90s où rugosité et décontraction faisaient bon ménage. Qu’importent dès lors les accents Led-Zeppeliniens de la guitare de Tape dont les variations de tempo et d’intensité ne relâchent jamais la pression, les faux-airs détachés de slacker countrysant d’un morceau-titre aux soli emphatiques ou les manières punk lapidaires de l’angoissé Detonation, l’album entier n’est que faux-plats et infimes montagnes russes à l’image du forcené Grace Lake dont le crescendo de frustration aux élans presque doom se passe de mots au profits de riffs saturés et larsenisants pour en arriver à retrouver une certaine quiétude sur la fin, ou surtout du parfait Forevermore, morceau-fleuve avec Debbie Googe de MBV à la basse et l’ami Steve Shelley aux fûts qui parvient à nous captiver 11 minutes durant en plombant progressivement la tonalité de ses accords noisy de plus en plus denses et de son chant blessé, tirant peu à peu vers la catharsis d’une séparation d’avec Kim Gordon qui a laissé des traces.
Quant à Germs Burn, hymne épique alternant névrose et clarté, il semble balayer d’un revers de médiator les derniers tourments d’un musicien bien décidé à aller de l’avant. Ça tombe bien nous aussi, on se donne donc rendez-vous pour un 2000ème streaming au jour de l’an 2017 !
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