Le streaming du jour #1214 : Marsan - ’Music For Agoramaniacs’
A seulement 21 ans et dès son premier LP, Jeremy Marsan déploie déjà un univers tout à fait singulier et à la fois extrêmement personnel, rempli de ces paradoxes qui font la richesse des disques fascinants.
Paradoxal donc, puisque le Chicagoan considère Music For Agoramaniacs comme un album solo. Difficile de réfuter cette assertion, l’artiste jouant de tous les instruments et ayant même été jusqu’à collaborer dans la création de la partie graphique. Pour autant, ce disque est finalement assez éloigné de l’esthétique "do it yourself" telle que l’on a souvent tendance à la considérer. Cet opus peut certes s’avérer angoissant et jouer sur les petits espaces, il n’empêche qu’il déploie, la majeure partie du temps, une dimension et une profondeur tellement imposantes qu’il est difficile de concevoir qu’un seul homme soit à la manœuvre.
Il faut dire que la démarche de Marsan est assez singulière. L’Américain a composé en 2012 quelques morceaux à tendance ambient/IDM (inspirés par Four Tet ou Boards of Canada) auxquels il a ajouté d’autres dimensions empruntées aussi bien au post-rock (Dominoes), au post-punk (Strain Theory), à la cold-wave (Flourescent, composition à tiroirs dont la dernière partie use de gimmicks vocaux chers à Robert Smith), au jazz (Institute of Open Space dont les percussions martiales, l’accent jazzy et les cordes tourmentées ne sont pas sans évoquer Tortoise) ou à une pop ambitieuse (Snow Day et ses réminiscences du Radiohead de Ok Computer).
Difficile de ne pas penser à Ok Computer lorsque ce disque se présente à nous. Dès la pochette, le clin d’œil est frappant, et un parallèle pourrait être effectué entre le troisième opus des Anglais qui constituait un véritable questionnement autour d’un monde de plus en plus informatisé, et Music For Agoramaniacs puisque l’auteur partage ses interrogations quant à la perte du sens commun dans nos sociétés actuelles, où les grands espaces ont tôt fait de conduire au vide et la superficialité. En somme, deux thèmes de société contemporains que le quintet d’Oxford comme Marsan s’approprient sans parti-pris démesuré en les faisant rejaillir sur leurs compositions. Grand disque que celui-ci, dosant savamment et perpétuellement ses racines chillout avec des éléments électro-acoustiques.
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