Le streaming du jour #1163 : Coax Orchestra - ’Lent et Sexuel’

Cela fait maintenant plus d’un an que nous suivons l’activité du Collectif Coax, toujours pleine de surprise et de bon goût, entre son tout nouveau festival, ses chaudes soirées au Cirque Electrique et ses remarquables sorties d’albums. C’est désormais l’orchestre officiel du collectif qui nous amène à jeter un nouveau coup de projecteur sur leur talent. Avec Lent et Sexuel, le Coax Orchestra offre un premier album au jazz débridé, perfusé au rock et à la liberté. Les partitions, signées Yann Joussein (Rétroviseur, DDJ) mêlent connaissance encyclopédique et spontanéité créative dans un savant et détonant mélange ésotérique et jubilatoire.
Le premier morceau, éponyme, à l’image de l’ouverture stylistique que représente le collectif, passe d’un jazz smoothy à une noise massive par une progression subtile que les percussions mènent sur un rythme soutenu. De la tonalité à l’atonalité, Lent et Sexuel dévoile la riche palette avec laquelle ces Parisiens peignent leur musique.
L’influence de John Zorn, que nous avions déjà entendue dans les différentes productions du collectif, ici clairement revendiquée, transpire de façon flagrante. Naked City, certes, avec le presque pastiche Intro, qui emprunte la technique du cut-up, les hurlements humains et saxophoniques, et une violence expéditive proche du grind, mais aussi Masada, avec les thèmes cuivrés de Musique d’Ascenseur ou Rituel. Des thèmes speedés qui rendent par ailleurs hommage à la verve d’Ornette Coleman (cf aussi Coccibelle, et ses airs latins posés sur une free noise intense).
Ce nouvel opus de Coax Records se démarque de ses prédécesseurs par sa façon d’entremêler les ambiances. Discoax, par exemple, qui distille moins un esprit disco que P-funk, voit le beat répétitif du style désigné peu à peu recouvert par le retour d’une vague new wave un brin désuète. Ce collage inspire une superposition de paysages sonores incompatibles, comme les lueurs d’un dancefloor éclairé au stroboscope perçant derrière la fumée opaque d’un encens aux effluves de patchouli... Le désuet vient d’une ligne de saxophone lisse et surtout d’un son de clavier qui rappelle les premières heures du jazz électrique. Comme un clin d’œil complice adressé à Miles Davis ou Weather Report (guitares aériennes, basse veloutée, moog nerveux), l’orchestration lorgne souvent sur le passé. Mais l’équipe Coax sait magner la référence avec suffisamment de finesse et d’audace pour la transcender jusqu’à la faire oublier dans les détours élégants de ses compositions originales. La fin de l’album notamment, avec Fable et Yoyochie, est typiquement coaxienne (renvoyant aux excellents Radiation 10, Metal-O-Phone et autres Hippie Diktat).


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