Comité d’écoute IRM - session #10 : Maxïmo Park, Lovechild, Delphine Dora/Bruno Duplant, Chinawoman, Pontiak, Belfi/Grubbs/Pilia, Matt Christensen, Shirt & Nick Mulvey
Ça n’est pas parce qu’on n’en avait pas encore parlé qu’on n’a rien à en dire : chaque semaine, les rédacteurs d’IRM confrontent leurs points de vue sur une sélection d’albums de l’actualité récente, avec en bonus cette fois-ci nos tops albums 2014 à mi-parcours.
L’exercice s’y prêtait en effet, ce 10ème volet consistant pour chaque rédacteur à offrir en pâture aux avis de l’équipe l’un de ses coups de cœur du premier semestre, plus exactement son album favori parmi les "oubliés" des pages d’IRM cette année. Rattrapage essentiel d’un côté et parfois découverte pour d’autres, on fait ainsi d’une pierre deux coups, en espérant que vous jouerez le jeu comme chacun d’entre nous en furetant si nécessaire hors de votre "zone de confort" pour donner sa chance à un disque que vous auriez - peut-être à tort qui sait ? - laissé de côté sur la foi d’une première impression trompeuse ou d’une étiquette mal ajustée.
Le choix d’Elnorton : Maxïmo Park - Too Much Information
Au moment de choisir un disque dont on n’avait pas encore parlé sur Indie Rock Mag, je n’ai pas hésité très longtemps. Cinquième disque de Maxïmo Park, Too Much Information n’a pas généré un enthousiasme particulier sur la toile. Sans doute à tort.
Plus ambitieux que son prédécesseur, Too Much Information, dont le titre laisse entrevoir une critique de la société de consommation, est un disque qui fourmille d’idées. Naviguant entre rock indé, new wave et sonorités électroniques, le quintet multiplie les contrepieds qui contribuent à l’aspect labyrinthique d’une majorité de morceaux.
Si une petite paire de morceaux, moins audacieux, empêche les Newcastlais de rendre une copie parfaite, comment est-il possible de résister à des pépites telles que la pop de Leave This Island, tout en retenue jusqu’à l’irruption d’un refrain addictif et envoûtant, ou plus encore d’un Brain Cells à la fois foutraque et sur le fil, en un mot jouissif, qui dans un monde parfait figurerait dans les singles phares de cette première moitié d’année ? Difficile également de passer à côté d’Is It True ? ou Where We’re Going. En un mot comme en cent, Too Much Information est un disque sous-coté sur lequel les Anglais parviennent à conjuguer ambition, variété d’influences et accessibilité, la justesse et la réserve de la voix de Paul Smith.
Les avis de la rédaction :
Spoutnik : J’ai bien fait de poursuivre mon écoute après l’hyper-fatiguant Give, Get, Take, car même si le style radio new wave de Maxïmo Park (que j’avais laissé tomber depuis A Certain Trigger, c’est à dire dès le début) est maintenant bien loin de ma galaxie, ce Too Much Information est agréable. Il alterne le bon et le moins bon, mais la fulgurance de Drinking Martinis et le tube pop ultime qu’est Lydia, The Ink Will Never Dry avec le léger vibrato plein de retenue de Paul Smith ont leur petit effet !
Lilie Del Sol : Assez d’accord avec Elnorton sur la qualité de ce Too Much Information en comparaison de son prédécesseur, The National Health, qui n’avait pas été à la hauteur de mes attentes. Mais un peu trop de morceaux “labyrinthiques”, comme dirait mon ami, à mon goût malgré tout pour que le disque reflète une véritable identité me permettant d’aller au bout sans en être lassée. L’album fonctionne mais passé 6 morceaux j’ai comme une sensation de “fatigue” qui s’installe à mon grand regret. Mais pour la voix de Paul Smith, c’est certain !
UnderTheScum : De Maxïmo Park j’avais surtout beaucoup écouté Our Earthly Pleasures, leur second album sorti en 2007 qui contenait le single Books from Boxes que je me passais en boucle à l’époque. Je n’ai en revanche absolument rien écouté du groupe depuis. Ravi donc de saisir l’opportunité de ce comité pour réparer cela avec leur dernier album en date. Si on ne peut pas dire que j’ai été déboussolé par l’évolution du groupe, j’y ai trouvé un son un peu moins léger avec une influence des années 80 assumée, un ton plus mature, peut-être moins de folie aussi. Ce qui n’est pas nécessairement un mal, en témoignent les très sympathiques Is It True ? ou Brain Cells. D’autant plus que la qualité mélodique est toujours présente comme sur le planant Leave This Island ou le plus pop Lydia, The Ink Will Never Dry aux forts accents de The Smiths.
leoluce : De Maxïmo Park, je ne connaissais que le premier long format, A Certain Trigger, écouté seulement parce qu’il était sorti chez Warp, ce qui, à l’époque (2005), signifiait encore quelque chose pour moi. Je n’ai pas jugé bon de poursuivre et c’est apparemment encore le cas aujourd’hui. Pourtant, il y a beaucoup de réminiscences là-dedans qui agissent comme la madeleine proustienne (du Smiths c’est vrai, des accents post-punk bien marqués) et une propension évidente à mettre sur pieds de véritables tubes certifiés. Mais voilà, j’ai l’impression que le groupe n’a rien à dire et dans ces conditions, évidemment, il ne peut pas me parler : c’est propre, c’est bien foutu mais c’est aussi assez vain. Habiles faiseurs.
Rabbit : Efficace, parfois même assez classe mais je n’y reviendrai probablement jamais, n’y trouvant pas en dépit de certains élans la personnalité, les émotions ou même un souffle général capables de transcender ce genre d’indie rock post-80s aux influences trop connotées.
Riton : Bien que les ayant vus par hasard en live en 2005, je pense bien n’avoir jamais écouté Maxïmo Park sur disque avant ce Too Much Information. Sans regretter l’exercice je dois dire que je n’y reviendrai probablement pas, très peu sensible aux couleurs 80’s un brin kitsch pourtant pas dénuées d’intérêt et parfois même de passages accrocheurs.
Le Crapaud : Moi qui ne connaissais Maxïmo Park que par ouï-dire, cet album ne me donne guère envie d’en ouïr davantage tant cette pop léchée un brin électro me laisse indifférent. Cela dit, rien n’est particulièrement mauvais, même le chant parfois minaudant, les guitares et les synthés au son daté, ou les refrains un poil aguicheurs ne sont jamais dégoûtants. Seulement, l’ensemble manque de caractère, et décidément, ça passe et me laisse froid.
Le choix du Crapaud : Lovechild - "In Heaven, Everything Is Fine."
Des petites bombes, ou des bulles qui éclatent dans la bouche, un Perrier, non, une coupe de champagne cet album de Lovechild. Découvert par hasard, en m’intéressant, également par hasard, au groupe Cerce (R.I.P.), dont il est une réincarnation, j’ai tout de suite aimé la malice aigre-douce des mélodies pop de ce quintette de Boston. Nan, je déconne, c’est évidemment la brutalité triviale de leur punk hardcore pur jus qui m’a tout de suite parlé. Pourtant Lovechild n’invente rien. Toutes les formules qu’ils emploient sonnent comme des redites. Dans le milieu, rien n’a changé depuis Bad Brains, Black Flag et Sick Of It All... Mais ici, tout est bien fait, le son est impeccable, ça tape, les hurlements ont ce qu’il faut de hargne, les riffs, ce qu’il faut de tranchant , la batterie, ce qu’il faut de massif !
Simpliste et brutal, la force de Lovechild, c’est la synthèse. 11 titres pour un poil plus de 12 minutes, on peut difficilement faire plus expéditif que ce In Heaven, Everything Is Fine, sachant que ce n’est pas du grindcore. Lovechild pénètre par effraction. Des voleurs, des (re-)visiteurs cagoulés qui s’attaquent à l’essentiel, tout en étant méticuleux : des larsens qui traînent en début de morceau, des structures complexes, un interlude téléphonique, des changements de tempos considérables (du slow au fastcore, parfois dans le même morceau, comme avec Oh, Love ou Your Neighbors), des larsens qui traînent en fin de morceau... Ce premier album de Lovechild, c’est une boîte de pastilles Vichy trempées dans l’acide. Ça pétille et ça booste. C’est sorti en janvier, ce sera très bien pour l’été.
Les avis de la rédaction :
Lilie Del Sol : Notre Crapaud ne m’en voudra pas si je lui dis que je n’ai pu aller au delà de l’écoute entière d’un seul morceau, le premier. Le reste du temps d’écoute ayant été consacré à zapper de morceaux en morceaux au bout de quelques secondes d’écoute. Non, définitivement, à l’écoute de ce style musical, ma télécommande appuie malgré moi sur next avant de pouvoir enfin reposer ses ouïes. Cependant, je respecte profondément ton choix car cette musique qui me rend totalement inerte en écoute studio peut tout à fait m’électriser en live !
Spoutnik : Bonne pioche mon Crapaud ! Ayant une passion pour le post-hardcore et les sons de San Diego, ce Lovechild bien que bostonien m’a emballé, j’ai direct pensé à Some Girls en moins mathcore, à OFF ! en moins punk et à Daughters en moins barré. Beaucoup de "moins que", mais un sacré "plus que" sur les changements de rythmes et les breaks qui font effectivement la force de ce In Heaven, Everything Is Fine. Bref je me suis régalé !
Elnorton : J’aimais bien la pochette, ça partait donc plutôt bien. Et puis, dès le premier morceau, ce que je perçois comme des hurlements a eu raison de moi. J’ai quand même essayé de panacher l’écoute afin de voir si la suite de l’album était du même acabit. Cela semble être le cas, j’ai donc renoncé rapidement avant de souffrir de migraines. Je ne peux pas me prononcer sur la qualité du disque, je peux seulement affirmer que ce n’est pas pour moi.
UnderTheScum : Ça va vite, très vite, trop vite, on en redemanderait encore, c’est limite frustrant. Mais qu’est ce que ça défoule !
leoluce : Onze morceaux s’étalant de vingt-deux secondes à presque deux minutes, punk-hardcore toute, dans ses multiples déclinaisons, un bon résumé en quelque sorte. On pourrait le ranger tout prêt du Leaded de NRA (1995) en moins mélodique et plus expéditif : même esprit de synthèse, même envie d’aller à l’essentiel et de cartographier en quelques titres un pan musical dans sa globalité. Pas sûr non plus qu’il dépasse l’été mais In Heaven, Everything Is Fine se montre somme toute suffisamment jubilatoire pour que l’on y revienne régulièrement, du moins quelques temps.
Rabbit : Ça envoie du bois mais dans le genre un peu vain, album (EP ?) trop court pour instaurer une atmosphère et finalement assez bateau dans son enchaînement d’instantanés hardcore punk qui fusent sans laisser de trace.
Riton : Ça envoie sec effectivement ! Seulement le fan de powerviolence/crust qui sommeille en moi regretterait presque le manque de gras dans le son. Au même titre le sample vocal Perfectionist (Perfectionism) ne fait à mon sens que casser le trip d’un tempo parfois un peu trop soutenu (entendez par là, trop lent pour un disque trop rapide). Mais bon dans l’ensemble Lovechild fait entièrement son travail d’agitateur de pit, c’est l’essentiel.
Le choix de leoluce : Delphine Dora & Bruno Duplant - Inner Fields
Grises et pluvieuses, les notes abstraites d’un piano élégant tapissé de silence jouent au chat et à la souris avec des field recordings se développant dans les interstices. Un canevas diaphane se développe dans l’espace de réception et tisse un réseau de nœuds ténus tout autant léger que fragile, remodelant l’air, reconfigurant les synapses. Placé en son centre, l’auditeur ne fait plus qu’un avec ce qu’il écoute, sa propre respiration apportant son lot de mouvements à l’édifice à la fois économe et imposant. Une nouvelle fois, la précieuse association de Delphine Dora et Bruno Duplant, certes amputée de la clarinette de Paulo Chagas qui émaillait Onion Petals As Candle Lights (2012), s’avère saisissante. Qu’ils s’épaulent, s’érigent en contrepoint de l’autre, se confrontent ou se toisent, un dialogue entre les bruits issus du quotidien et les marteaux tapant sur les cordes se crée derrière les yeux. Le piano de Delphine Dora apporte une lumière nouvelle, un éclairage inédit aux photographies sonores de Bruno Duplant qui elles-mêmes altèrent les notes mélancoliques qu’elles rencontrent. Le classique contemporain s’habille de poussières de vie et les field recordings se gonflent de substance musicale. Belle symbiose, Inner Fields ne se contente pas de raconter une histoire, il nous convie à en faire partie et par son jeu mystérieux et tendu, nous délocalise au beau milieu du sous-bois enneigé présenté au verso de sa très belle pochette. Envoûtant.
Les avis de la rédaction :
nono : Des mélodies délicates qui flirtent avec des field recordings, des expérimentations abstraites en filigrane, le tout au bénéfice de ballades fantomatiques et nébuleuses. J’adhère forcement à 400%.
Lilie Del Sol : Que dire ? En inconditionnelle du travail de Delphine Dora je ne peux que me joindre à nono pour confirmer cet éloge magnifique réalisée par notre leoluce qui a tout compris de cette musique aux aspects délicats et élégants. Je craque ! Mais j’avais déjà craqué ! La classe et la finesse musicales existent et Delphine Dora en est l’une des instigatrices contemporaines.
UnderTheScum : Je ne sais pas si c’était parce que le moment était mal choisi mais je n’ai pas réussi à rentrer dans ce Inner Fields qui ronronne un peu trop à mon goût, à l’image du titre Des étendues au loin à la limite du soporifique de mon côté.
Spoutnik : L’album commence avec de la vie, une vie qu’on entend de loin, comme si l’on en était extérieur, comme si un voyage allait commencer, un aller-retour en 7 titres vers des terres désertiques et minérales, un trip (au deux sens du terme) en flottaison vers le néant qui se termine avec un retour à la vie. J’ai adoré la balade, même s’il serait difficile pour moi de faire ce genre de voyage tous les jours.
Rabbit : Je ne peux m’empêcher d’apprécier le trouble qu’instaure toujours très bien la piano de Delphine Dora, mais trop d’atonalité tue l’émotion, et trop de field recordings tue parfois l’immersion à force de brasser toutes les sonorités à portée de micro, au mépris de l’ambiance de bulle introspective que l’on peut attendre d’un tel projet. A la fois plus aventureux et plus cohérent, Onion Petals As Candle Lights conserve ma préférence et de loin.
Elnorton : En bon fan de David Wenngren, je ne peux qu’apprécier cet Inner Fields. En effet, à l’instar des opus de Library Tapes, je retrouve un piano délicat et mélancolique auxquels se mêlent des field recordings savamment dosés. Sur le fil, l’émotion est palpable et on a tôt fait d’avoir des frissons ou le cœur noué. Le corps s’imprègne en tout cas des émotions diffusées par cette musque minimaliste.
Riton : Je ne connaissais pas le travail de Bruno Duplant avant cet album. Autant je le trouve intéressant et en accord total avec les explorations pianistiques délicates et poignantes de Delphine Dora, autant je regrette un peu l’omniprésence des fields (et pourtant j’aime ça). Le voyage reste néanmoins très touchant.
Le choix de Lilie Del Sol : Chinawoman - Let’s Part In Style
Ses albums de 2007 : Party Girl et 2010 : Show Me The Face avaient déjà plus qu’attiré mon attention mais le dernier en date : Let’s Part In Style, sorti le 24 février dernier, est une explosion d’émotions.
Cette femme subjugue, enivre et fascine. Ce nouvel opus prend immédiatement une dimension cinématographique avec Vacation From Love où le chant est parlé, limite menaçant car suppléé par une ligne de basse profonde qui intensifie les propos de Chinawoman, la suite avec Good Times Don’t Carry Over ne fait que le confirmer.
Tous ses chants sont empreints d’une telle intimité que l’on ressent une proximité, un échange, une discussion cachée, une confession qu’elle nous ferait à nous seuls. Ce disque rappelle, par certains points, la production de Brian Eno sur le Bright Red de Laurie Anderson en sachant que Chinawoman laisse une place beaucoup plus intense à la mélodie.
Elle sait aussi faire preuve d’un humour noir cinglant qui permet souvent de percevoir la chaleur que Chinawoman tente de dissimuler. On oscille entre mélodrame amoureux, luminosité, délicatesse sans oublier la décadence. Elle ne perd pas ses premières inspirations post-punk minimalistes clairsemées dans des ballades pop-européennes. Chaque chanson de Chinawoman est une expérience auditive troublante, captivante, profonde et hypnotique.
Les avis de la rédaction :
Spoutnik : Hypnotique l’adjectif n’est pas galvaudé, mais là c’est trop pour moi, Let’s Part In Style est presque pénible, les titres sont plats, sans aucune surprise et même plutôt prétentieux, mais comme je ne suis pas genre à laisser tomber et que je ne connais pas l’œuvre de la dame, j’ai essayé Party Girl et là, ça a été le choc. La prétention de ce dernier album se transforme en une nonchalance presque sensuelle, la platitude exhibe maintenant de fins reliefs, le coté convenu du 3ème opus laisse place à de délicates surprises. Alors Lilie, même si je n’ai pas aimé Let’s Part in Style, merci pour la découverte !
Note pour plus tard : Toujours commencer une discographie par le début !
Elnorton : Cinématographique et hypnotique, mes camarades ont trouvé les bons mots (maux ?) pour décrire ce Let’s Part In Style. Sans y voir la prétention décelée par l’ami Spoutnik, ce disque m’aura laissé sur ma faim durant ses deux premiers tiers où les ficelles tirées sont parfois un peu trop grosses. Heureusement, tous les efforts fournis afin de trouver le juste équilibre trouvent leur sens lors de leur dernière partie où la mayonnaise prend (enfin) de façon naturelle, ce qui me permet de comprendre la fascination évoquée par Lilie.
UnderTheScum : C’est vrai que c’est hypnotique, beau et même plutôt classieux mais ça manque un peu de vie pour totalement m’embarquer. Cependant, à lire le commentaire de Spoutnik je ne vais pas en rester là et aller explorer le reste de la discographie. Même sans être totalement conquis, j’ai l’envie d’en entendre plus. Sûrement la fascination dont parle Lilie.
leoluce : « Experimental chanson dark-romantic euromance Berlin » indiquent les tags de la page Bandcamp que j’ai de prime abord paresseusement regardés. Je cherche encore ce qu’il peut y avoir d’expérimental là-dedans mais pour le reste, c’est plutôt bien vu. Let’s Part In Style déploie dix morceaux languides et parfois accaparants sur un rythme à peine plus élevé que l’immobilité. Chinawoman met sur pieds une sorte de cabaret contemporain et capiteux qui fait merveille sur certains titres (Where Goes The Night) mais se prend aussi parfois les pieds dans le tapis et dans ces moments-là, sa voix de Marlene Dietrich 2.0 et les claviers légèrement cheap forcent un peu trop le trait (Blue Eyes Unchanged). Un équilibre ténu et casse-gueule, un vrai univers et au final, une chouette découverte.
Rabbit : Fort belle découverte pour moi aussi que ce dernier album en date de la Berlinoise d’adoption dont l’apparent "manque de vie" évoqué par UnderTheScum me parle justement beaucoup. Des airs de cabaret déliquescent et affligé, où se mêlent new wave et valses tristes, atmosphères lynchiennes (Vacation From Love) et baroque dub en clair-obscur (To Be With Others, Where Goes The Night), folklore décadent d’Europe de l’Est (Woman Is Still A Woman) et variété italienne dépressive (Blue Eyes Unchanged, Nothing To Talk About), et qui bénéficient d’une voix profonde et singulière quelque part entre Laurie Anderson et Marianne Faithfull.
Riton : Pardon Lilie, mais même si effectivement il y a quelque chose d’extrêmement captivant dans cet album, la façon dont sonnent les claviers et la batterie m’empêchent clairement d’en profiter à 100%. Par contre ça me semble suffisamment intéressant (atmosphères lynchiennes dixit Rabbit, et références à Laurie Anderson) pour continuer à creuser.
Le choix de nono : Pontiak - Innocence
Après 10 ans d’existence et autant de galettes produites, la bande des frères Carney reste toujours aussi méconnue chez nous. Peut-être en raison du fait que si le rock rural et néo-psychédélique de Pontiak ne manque ni d’atouts ni de charmes, ses multiples facettes rendent l’exercice de la chronique musicale malaisé voire carrément casse-gueule.
Sur Innocence , Pontiak ne déroge pas à cette règle et balance un rock 70′s particulièrement addictif, jouant à brouiller les pistes en mêlant acid-rock, stoner, prog-rock, proto-métal et j’en passe.
Et, comme d’habitude, le résultat est étonnamment homogène : un space rock énergique et viscéral, saturé de riffs massifs et dégoulinants de fuzz. Un peu comme si les Pink Floyd rejouaient le Sabotage de Black Sabbath… non, que Harvey Milk reprenait le Harvest de Neil Young… non non, que le MC5 reprenait du GY !BE, non non non, que les Melvins reprenaient Led Zeppelin… arghhhhhhhhh.
Les avis de la rédaction :
Lilie Del Sol : Que dire nono ? A l’écoute du premier morceau de cet album de Pontiak je me suis ruée chez mon pharmacien. J’imaginais que la suite serait identique à celle du Lovechild. Mon pharmacien qui, ceci dit en passant, vous remercie car je lui ai fait tripler son chiffre de vente de doliprane grâce à vous les gars !
En rentrant, j’ai mis la suite de l’album et ô surprise ! La suite ne ressemblait aucunement au premier morceau. J’avoue même avoir été carrément charmée par le morceau Lack Lustre Rush et par le superbe It’s The Greatest (mais ça ça n’étonnera personne). Les morceaux Noble Heads et Wildfires font aussi partie de ceux qui ne m’ont absolument pas laissée indifférente, bien au contraire ! Le charme rock opère avec classe sur ce Pontiak que je me surprends à vouloir conserver dans ma discothèque !
Elnorton : Décidément, je rejoins souvent Lilie puisque j’ai une lecture de cet Innocence assez proche de la sienne. Lorsque Pontiak durcit le ton, je ne crains pas cette fois l’apparition de maux de tête, mais je reste de marbre. Je passe à côté. Tout l’inverse des morceaux faisant la part belle aux mélodies. A l’écoute de Noble Head ou It’s The Greatest, je fonds. Jolie pioche.
Spoutnik : Innocence sent trop le gros blues rock américain... Entre le hard rock et le stoner, il y a bien une certaine variété stylistique, mais la ligne de fond me déplaît et puis l’utilisation du fuzz bien gras cache mal un album trop carré à mon goût. Doumage...
leoluce : Innocence s’appréhende comme un tout et ne supporte pas l’écoute morcelée sous peine de perdre quelques éléments de la boule à facettes heavy que les frères Carney façonnent depuis 2008. Sous un déluge de fuzz grasse, une rythmique pachydermique (capable de se montrer sacrément fine et véloce) offre des fondations maousses à une voix tranquille et approximative, le tout dessinant des morceaux tour à tour indie rock, stoner et psychédéliques. Une diversité salutaire qui permet de multiplier les écoutes. Encore une fois, Pontiak fait mouche.
Rabbit : Si le psychédélisme heavy des Virginiens demeure d’une efficacité sans faille on regretterait presque que le songwriting ne relègue pas plus souvent l’électricité au second plan tant l’enchaînement Noble Heads/Wildfires élève le niveau d’un cran en milieu de disque, avec rien de moins que deux des plus belles chansons de l’année.
Le choix de Rabbit : Belfi / Grubbs / Pilia - Dust & Mirrors
Parfois pas bien loin de donner l’illusion d’un retour de Gastr Del Sol avec Stefano Pilia dans le rôle de Jim O’Rourke et Andrea Belfi dans celui d’Oval lorsqu’il zèbre de fourmillements électroniques (sur l’odyssée Charm Offensive notamment) les jams guitare-batterie lunatiques de cette deuxième collaboration du trio, ce n’est certainement pas un hasard si le titre de ce Dust & Mirrors fait écho à celui du cultissime Upgrade & Afterlife dont le morceau final, Foamy Originale, convoquera justement le magnétisme ambient électrique aux allures de basculement vers un côté obscur que les circonvolutions du reste de l’album n’avaient fait qu’effleurer.
Pour autant côté David Grubbs les motifs de guitares clairs et sinueux, tantôt dynamiques ou contemplatifs avec ce sens de la rupture qu’on lui connaît et qui paradoxalement coule de source, s’accommodent volontiers d’incursions vocales au spleen serein dans la lignée de ses albums solo (Cool Side Of The Pillow) tandis que Belfi, dont on avait pu apprécier les talents hypnotiques aux fûts de B/B/S/, apporte à l’aventure derrière les percussions une fébrilité assez inédite, donnant l’impression que chaque morceau peut s’emballer et sortir de ses gongs à tout moment (cf. le crescendo free noise d’Ambassador Extraordinaire en écoute ci-dessous). Aucun doute, Belfi / Grubbs / Pilia est bien un groupe à part entière à la singularité bien trempée et la liberté qu’il inspire sur ce successeur du méconnu Onrushing Cloud fascine autant qu’elle galvanise les sens !
Les avis de la rédaction :
Elnorton : C’est doux, contemplatif, épuré... En quelques mots, c’est alternativement beau ou foutraque, les bases rythmiques et les sonorités ambiantes semblent s’entrelacer dans une unicité qui finit souvent par provoquer une explosion (Ambassador Extraordinaire). Ce Dust & Mirrors mérite en tout cas des conditions d’écoute particulières pour être apprécié. Le silence nocturne en arrière-fond semble un repère temporel idéal.
Lilie Del Sol : Une très belle entrée en matière avec ce Charm Offensive songeur de près de 15 minutes qui pourrait nous faire un bel EP à lui tout seul tant le voyage est beau et éclectique. Les trois morceaux suivants m’ont un peu laissée de marbre après ces 15 minutes intenses vécues précédemment. Ce n’est qu’avec Ambassador Extraordinaire que ma curiosité s’est à nouveau éclairée. Morceau expérimental aux sons ingénieux et exploitables à souhait. Finalement, seul le morceau chanté The Headlock m’a laissé un goût d’inachevé en comparaison du reste de l’album. Alors que le morceau final, Foamy Originale, m’a plongée dans un état de lévitation totale.
UnderTheScum : Si j’ai été totalement emballé par la subtilité et l’émotion dégagées par la première partie de l’album, à l’inverse de Lilie c’est justement le titre Ambassador Extraordinaire qui m’a fait "sortir" de mon écoute, trop noisy pour moi ou en tout cas dans le contexte contemplatif dans lequel m’avait plongé les quatre premiers morceaux.
Spoutnik : Quand on s’intéresse à la science des châteaux de cartes, le plus beau reste d’observer les structures se former lentement. Charm Offensive, c’est un peu ça en 15 minutes d’une construction mélodique sans faille. Sinon mention spéciale aux 2,5 pistes chantées, que j’ai trouvé plutôt charmantes, j’ai eu par contre beaucoup plus de mal avec les parties plus noisy qui m’ont paru sans grande cohérence avec le reste. Doumage...
leoluce : Effectivement, Gastr Del Sol n’est jamais très loin. Belle réussite, Dust & Mirrors s’accommode d’éléments épars qui pourtant dessinent un tout cohérent. On y entend du Grubbs, du B/B/S mais encore plus sûrement du Belfi / Grubbs / Pilia puisque chacun est amené à arpenter des territoires inédits que seule la force du trio permet d’effleurer. Dès lors, on navigue en terrain connu mais le voyage se double d’une forme d’effervescence qui maintient l’attention aux aguets : simple clapotis ou grosse tempête, on ne sait jamais trop ce qui va succéder à ce que l’on écoute au moment où on l’écoute. De la première seconde jusqu’au dernier souffle, on reste captif d’un disque qui n’a pas son pareil pour électriser la moindre parcelle de bruit. Excellent !
Le Crapaud : Un post-rock contemplatif, mélodique, mélancolique, inspiré, parfois noisy, tous les éléments pour faire de ce Dust & Mirrors un disque de choix ! Et le nom de Charm Offensive ne trompe pas. C’est l’élégance qui passe à l’assaut. Le charme réside dans cette voix modeste, dans des riffs de guitares étonnants (The Headlock), une batterie timide qui roule derrière, des moments d’expérience libres et aventureux (l’extraordinaire Ambassador Extraordinaire). Mention spéciale pour ce son de guitare à la fois mince et rugueux, un régal ! Ça me rappelle Sonic Youth, Battles ou Do Make Say Think, alors que ça n’a rien à voir avec tout ça. C’est fou et tendre, facile et nouveau, j’adhère !
Le choix de Riton : Matt Christensen - Coma Gears
Enfin une suite à l’excellent A Cradle In The Bowery ! Si Mike Weis, percussionniste au sein de Zelienople, semble avec Don’t Know, Just Walk s’évader dans le drone spatial et chamanique, c’est vers les jams psyché et lents du groupe que Matt Christensen se retrouve le mieux. En plongeant aussi bien les accents folk à voix sensible dans l’électricité et le calme ambient dans l’americana bluesy portée par les proximités avec l’artiste Scott Tuma, il prouve une nouvelle fois que le chemin tracé depuis Pajama Avenue en 2002 a encore de merveilleux jours devant lui.
Les avis de la rédaction :
Rabbit : Absolument pas familier de la musique de Zelienople qui écume pourtant des labels de chevet tels que Root Strata, Type, Digitalis ou Under The Spire, je découvre l’univers de ce Chicagoan dont les ballades en suspension mâtinées de chant éthéré et de drones plus saturés, quelque part entre space rock, ambient voire même folk planante sur Dumb God, sont tout à fait à mon goût. Avec ce petit côté "zénitude nébuleuse" à la Flying Saucer Attack il ne pouvait en être autrement, merci donc à Riton pour l’aiguillage des airs !
Spoutnik : Encore un excellent album dont le titre d’ouverture que je n’ai pas compris peut rebuter, dommage, mais on l’oublie vite parce que le reste de Coma Gears est vraiment d’une toute autre facture. Chant délicat et lointain, éloge de la lenteur et l’itération artisanale, passages dronisants au bourdon parfait assez incroyables (Worry et Blame The World), atmosphère tantôt stellaire (The Law Kind) ou abyssale (A Starting Song), bonne pioche Riton, je me suis même fait Grown Ups dans la foulée !
nono : Superbe album plein d’une musique introspective, obsédante et sincère et beaucoup plus complexe et diversifié qu’il n’y paraît.
Lilie Del Sol : Ce Coma Gears est comme une douceur que l’on vous chuchote à l’oreille. Matt Christensen a le don de déposer avec délicatesse une poésie musicale un peu conceptuelle mais totalement accessible aux plus novices d’entre nous. Je ne peux malheureusement pas comparer avec d’autres œuvres éventuelles car Christensen est pour moi une découverte (merci Riton). Mais grâce à cet album je vais aller me balader sur sa discographie car de belles perles y sont assurément parsemées.
Le Crapaud : Abum qui se développe avec une mollesse tantôt prenante, tantôt soporifique, ce Coma Gears emporte son auditeur dans le voyage éthéré d’un esprit en errance, abandonné de tout corps (absence de percussion), traversant des nuages électriques (les guitares saturées) dans un relâchement mystique (des synthés new age à la limite du bon goût). La voix de Matt Christensen ne rattache pas ses compositions à la terre ferme, mais se laisse porter dans les nuées, dans un duvet de reverb, avec une lenteur de débit et une monotonie dans le chant qui finit d’endormir les derniers hippies encore conscients après California. Trop... ou plutôt, pas assez... pour moi !
Elnorton : Comme Spoutnik et à l’instar de l’effet qu’a eu le Pontiak sur moi, je n’ai pas été happé par l’univers du premier morceau. Mais là encore, il faut insister et passer au-delà de cet écart initial pour apprécier le contenu de ce Coma Gears à l’immobilisme délicat et quasi-impeccable. La lenteur est le maître-mot, et l’absence de percussion contribue à renforcer le sentiment d’un temps arrêté ou d’un corps sans vie dénué de toute pulsation. Il sera aisé de passer à côté, et je comprendrai aisément ceux qui somnoleront mais, de plus en plus friand de ce type de musique, j’y trouve clairement mon compte.
Le choix de Spoutnik : SHIRT - RAP (Album)
Un peu comme le collègue Elnorton, au moment de choisir un album dont on n’avait pas encore parlé sur Indie Rock Mag, je n’ai pas hésité bien longtemps. Ce RAP (Album) de SHIRT est sorti en début d’année dans l’indifférence quasi-générale ce qui est quand même complètement injuste aux vues des qualités du truc !
Pourtant l’emcee du Queens commence à avoir une certaine notoriété dans le microcosme new-yorkais notamment depuis l’année dernière avec Shirt Fucked Rihanna, une page arty un peu dans la veine d’Adam "Cost" Cole, le graffeur du Queens qui dans les années 90 avait sorti une série de fameux Cost Fucked Madonna qui fleurissaient dans les rues de New York. La page de SHIRT était assortie d’Automatic, un titre sacrément prometteur au boom bap obscur parfaitement porté par le flow rude et sinistre de SHIRT. L’emcee pratique aussi la publicité virale, toujours l’année dernière il avait commis une fausse page du New York Times avec à la clé un faux article sur lui-même avec plus d’humour que de mégalomanie.
SHIRT aime les chemins de traverse, il cherche plus le respect que la notoriété, il ne se considère pas comme underground mais il en est l’essence et RAP (Album) en est la matérialisation. A l’heure où les mixtapes servent de prequels aux albums, SHIRT ne rentre pas dans ce petit jeu là, RAP (Album) est un album original en téléchargement libre mais il n’annonce rien si ce n’est la classe de SHIRT ! L’emcee a juste une présence incroyable sur tous les titres, pas de featuring, SHIRT est le centre, mais on est loin de l’ego-trip. RAP (Album), c’est lui, sa vie. Tellement qu’on oublie que le breakbeat de Niggas on Coke a été utilisé un million de fois et que le titre ressemble furieusement à Shook Ones Part II de Mobb Deep. Tellement qu’on oublie que Tuscan Leather plagie le titre homonyme de Drake mais quand des plagiats ont ce niveau là, c’est du grand art. L’art de la rime lui aussi est bien là, un flow froid et confiant porté par des productions toutes excellentes taillées sur mesure pour le New-Yorkais avec des moments de grâce infinie (Life and Art), des mouvements félins (Take Off) et des bizarreries binaires (Either You Here or With God). Un album pourtant simple et brut, simplement brut ou brutalement simple, mais un album qui signe l’avènement d’un nouveau talent à suivre de près.
Les avis de la rédaction :
leoluce : Un flow quatre roues motrices et déterminé, des productions efficaces majoritairement sombres alternant entre boom bap canal historique et breakbeat carnassier, RAP (Album) montre une belle diversité (en particulier dans les samples qui empruntent aux folklores de tout poil) et file à la vitesse de l’éclair. Pas de fioritures (ou si peu), encore moins de longueurs, on sent que SHIRT est un adepte de la ligne droite et ne s’embarrasse pas de giratoires pour aller du point A au B. Il en résulte un album qui campe une belle forêt de béton, rappelle certes quelques grands aînés (Mobb Deep, Nas, ce genre) mais montre surtout une sacrée personnalité. Merci Spoutnik, merci SHIRT.
Lilie Del Sol : Bon alors voilà c’est la deuxième fois que je me laisse piéger par le RAP de Spoutnik et ça commence à m’inquiéter sérieusement ! Je ne parlerai pas technique, je n’y connais rien et tout le monde le sait mais wouah c’était bon ça ! Spoutnik, je te désigne prof d’encyclopédie du rap auprès de moi même. Y a du boulot mais j’y crois ! Avec des moments passés comme avec Shirt ça vaut la peine !
UnderTheScum : Encore une belle découverte hip-hop grâce à Spoutnik. Une mention spéciale pour Life and Art et ses sonorités jazzy.
Rabbit : Encore un album qui file à toute allure mais cette fois j’adhère complètement : groove implacable, rimes impeccables, accents jazz lounge d’antan sur le mélancolique Life and Art en effet, production électro tendue aux basses pesantes sur un Take Off digne de l’écurie Def Jux ou ailleurs froideur géométrique du contour à la craie d’un corps sur le bitume façon rap new-yorkais du milieu années 90 (Niggas on Coke, Either You Here or With God), malgré un petit ventre mou en milieu de parcours cette ode à l’amitié, à l’amour de l’art et à la survie en milieu urbain tourne en boucle !
Elnorton : Un groove entraînant, un flow efficace, et, comme le souligne Spoutnik, on découvre suffisamment d’auto-dérision et de second degré dans cet opus pour que l’on n’envisage à aucun moment qu’il puisse s’agir d’un ego-trip. Je découvre SHIRT avec ce RAP (Album) et si je rejoins Rabbit concernant la baisse de forme en milieu d’exercice, l’ensemble est d’une qualité suffisante, à l’instar d’un Life and Art aux accents jazzy ou d’un Understated plus électrique, pour me donner envie d’y revenir.
Le Crapaud : Avec un nom d’album comme ça, on n’est sûr de pas se planter déjà quand on tombe dessus ! Après, le nom ne précise pas si c’est du « bon » ou du « merdique » rap. On se met ça un peu, on voit : les instrus sont variées, c’est parfois boom bap d’autres fois gangsta, le flow est cool, tout semble cool... et puis, quand vient Life and Art, avec son sample de clavier groovy sur lequel se pose un beat au tempo surprenant, alors là on est certains d’être en bonne compagnie ! Des samples jazzy s’ajoutent, on est vraiment biens. Ça fait comme un rappel du meilleur de RJD2 (période Dead Ringer), avec un rappeur en plus, mais plutôt en retrait. Enfin, l’album est court, ce qui fait la différence dans le milieu hip-hop où l’on aime bien taper au-dessus de la barre des 15 titres (sans que ce soit toujours une bonne idée...), ça finit de me convaincre et l’album se termine... je me le remets !
Le choix d’UnderTheScum : Nick Mulvey - First Mind
Nick Mulvey m’était totalement inconnu avant la découverte de son album. Découverte un peu à reculons, la faute à certains commentaires lus ici ou là, à une pochette m’incitant à la méfiance ainsi qu’à un première écoute en demi-teinte. D’un côté je devais bien avouer que c’était pas mal du tout, mais de l’autre je n’étais pas plus emballé que ça, juste un album folk bien foutu de plus. Et puis j’y suis revenu quand même, entre autres pour le tube Cucurucu. Et j’y suis revenu encore pour Meet Me There. Puis pour April. Au final chaque nouvelle écoute de cette album le fait grimper davantage dans mon top 2014 et dans mes coups de cœur folk de ces dernières années. On a ici une folk épurée, un côté écorché, mais très riche au niveau des mélodies et des constructions rythmiques. Mulvey confie avoir écouté beaucoup de musique africaine pour composer First Mind et n’hésite pas à faire un lien avec les lignes hypnotique de Philip Glass. Ajoutez à cela son background au sein du groupe de post-jazz Portico Quartet, son talent de guitariste et une voix suave envoûtante et on obtient l’album auquel je reviens le plus de cette première moitié d’année.
Les avis de la rédaction :
Elnorton : De mon côté également, Nick Mulvey était un parfait inconnu avant ce First Mind. Je me reconnais totalement dans la description et le choix (Nick Mulvey étant sans doute, de tous les albums proposés ici par mes collègues, celui qui m’a le plus emballé) d’UnderThe Scum. Ce disque m’a fait le même effet. D’une pop-folk gentillette après la première écoute, celui-ci s’est transformée en une trame narrative riche nourrie par chacun de ces morceaux qui, pourtant, se suffisent à eux-mêmes.
Lilie Del Sol : Un grand merci à UnderTheScum. Grâce à toi je découvre un artiste qui m’a charmée, désarmée et fragilisée à la fois tant il sait transmettre une quantité d’émotions à travers cet album. Un album qui peut très bien s’écouter avec finesse et attention profonde qu’en fond musical pour une lecture au soleil. Ce Nick Mulvey est mon grand coup de cœur de ce comité !
Spoutnik : Sensation bizarre, quasiment tous les titres commencent superbement et finissent passée une petite minute en usines à tubes à la Charlie Winston... Putain Cucurucu, elle était géniale cette chanson, pourquoi la tuer au bout d’une minute ? Pareil avec Fever To The Form ou Meet Me There. Je préfère tellement quand Nick Mulvey fait des choses simples (First Mind, The World To Me ou I Don’t Want To Go Home), c’est bien la simplicité aussi, mais c’est vrai aussi que je suis assez folk canal historique...
Rabbit : Tout ce que je pourrais reprocher à cet album, finalement, c’est sa tendance à évoquer le songwriting, le jeu de guitare viscéral et même pas mal d’intonations d’un autre grand de la folk métissée l’ayant précédé de quelques années, le Suédois José González. Mais Nick Mulvey est un émule de talent, en témoigne ce disque lyrique et orchestré juste ce qu’il faut pour ne pas gâcher la belle spontanéité acoustique de ces petits classiques instantanés.
Le best of 2014 des rédacteurs à mi-parcours
Elnorton :
1. Damon Albarn - Everyday Robots
2. Owen Pallett - In Conflict
3. Michel Cloup Duo - Minuit Dans Tes Bras
4. Vittoria Fleet - Acht
5. Happyness - Weird Little Birthday
6. The Notwist - Close To The Glass
7. Komparce - Zerlegzen
8. Liam Finn - The Nihilist
9. Mac DeMarco - Salad Days
10. Beck - Morning Phase
Le Crapaud :
1. Fire ! Orchestra - Enter !
2. Young Widows - Easy Pain
3. Carla Bozulich - Boy
4. The Roots - ...And Then You Shoot Your Cousin
5. Blueprint - Respect The Architect
6. Damien Jurado - Brothers And Sisters Of The Eternal Son
7. Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra - Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything
8. Stuntman - Incorporate The Excess
9. Sıkıntı - ilahi çürümüş yangını
10. Antemasque - ANTEMASQUE
Lilie Del Sol :
1. Gem Club - In Roses * ex aequo * Broken Twin - May
2. Damon Albarn - Everyday Robots
3. Eels - The Cautionary Tales Of Mark Oliver Everett
4. Florent Marchet - Bambi Galaxy * ex aequo * Miossec - Ici-Bas Ici Même
5. Angel Olsen - Burn Your Fire For No Witness * ex aequo * Inga Liljeström - Two Dangers
6. Courtney Barnett - The Double EP : A Sea of Split Peas
7. Alex G - DSU
8. MLCD - Smoke Behind The Sound
9. Rodrigo Amarante - Cavalo
10. Franklin - Cold Dreamer
nono :
1. Horseback - Piemont Apocrypha
2. Young Widows - Easy Pain
3. thisquietarmy - Rebirth
4. Drive-By Truckers - English Oceans
5. thisquietarmy & Syndrome - The Lonely Mountain
6. Motorpsycho - Behind The Sun
7. Daggers - It’s Not Jazz It’s Blues
8. Henry Blacker - Hungry Dogs Will Eat Dirty Puddings
9. Plurals - Bugenès Melissae
10. Sunn O))) & Ulver - Terrestrials
Rabbit :
1. Chris Weeks & The Sadmachine Orchestra - Conductor
2. Damon Albarn - Everyday Robots
3. Black Swan - Tone Poetry
4. Cliff Dweller - The Dream In Captivity
5. The Body (w/ The Haxan Cloak) - I Shall Die Here
6. Belfi / Grubbs / Pilia - Dust & Mirrors
7. Carla Bozulich - Boy
8. thisquietarmy & Syndrome - The Lonely Mountain
9. Jacob Faurholt - Corners
10. Chicago Underground Duo - Locus
Spoutnik :
1. DJ Q-Bert - GalaXXXian
2. SHIRT. - Rap (Album)
3. Blueprint - Respect The Architect
4. Skyzoo & Torae - Barrel Brothers
5. Freddie Gibbs & Madlib - Pinata
6. People Under The Stairs - 12 Step Program
7. Blu - Good To Be Home
8. NoEmotion - Time Of The Month
9. Dag Savage - E&J
10. The Koreatown Oddity - 200 Tree Rings
UnderTheScum :
1. Damon Albarn - Everyday Robots
2. Nick Mulvey - First Mind
3. Bastard Mountain - Farewell, Bastard Mountain
4. Parquet Courts - Sunbathing Animal
5. Zëro - Places Where We Go In Dreams
6. PAWS - Youth Culture Forever
7. The Proper Ornaments - Wooden Head
8. The War On Drugs - Lost In The Dream
9. Mac DeMarco - Salad Days
10. Eels - The Cautionary Tales Of Mark Oliver Everett
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Shirt sur IRM
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- Andrea Belfi & Jules Reidy - dessus oben alto up
- Tarwater - Nuts of Ay
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- IRM Expr6ss #14 - ces disques de l’automne qu’on n’a même pas glissés dans l’agenda tellement on s’en foutait : Primal Scream ; Caribou ; Tyler, The Creator ; Amyl and the Sniffers ; Flying Lotus ; The Voidz