En attendant de le retrouver sous l’identité de The Revenant Sea (souvenez-vous donc de cet éponyme sépulcral et déliquescent) au côté de Justin Wiggan aka Roadside Picnic pour une sortie cassette qui s’annonce des plus glauques et cryptiques à l’aune des collages troublants de Gareth Courage, déjà remarqué pour ses covers des albums de son autre projet solo Wizards Tell Lies, c’est en compagnie de l’Américaine April Larson que s’éparpille encore un peu plus l’excellent Matt Bower, particulièrement à l’aise ces temps-ci avec les atmosphères en friche d’un dark ambient minimaliste et plombé.

On avait quitté l’Anglais sur son abyssal The Ninth Door, petit EP à lui tout seul du haut de ses 10 minutes de crescendo tourmenté, cette fois l’aventure tient en quatre titres, librement téléchargeables via le netlabel Chapel Yard inauguré il y a moins d’un an mais déjà fort prolifique depuis dans les champs du drone blafard et de l’ambient lo-fi. Eyes In The Ground ne déroge pas à cette esthétique aride et désincarnée aux éclats électroniques (les fourmillements infrasoniques du spectral I Live Through Death) et post-industriels (les beats austères et déstructurés de Fractal Hooks) perdus dans la grisaille d’une terre dévastée par l’atome et dont les vents mauvais charrient sans discontinuer leur lot de lapilli et de débris rouillés.

Un univers résolument crépusculaire dont l’hiver nucléaire finira par convoquer sur le bien-nommé Invernos la tension pulsée du maître du genre, John Carpenter bien sûr dont le blizzard sans rémission de ce dernier morceau n’est pas non plus sans rappeler l’enfer gelé du final de The Thing  :