Le streaming du jour #871 : Sole - ’WHITENOISE : nomoredystopias’
C’est pas qu’on en avait marre de l’entendre rapper l’ex patron d’Anticon, même ses pamphlets politiques sur fond de gangsta détourné comptaient leur lot de perles satiriques mais voilà, même le plus engagé des chiens fous finit quand il enrage de trop par se mordre la queue. Après une paire d’albums moins inspirés en solo comme avec le Skyrider Band, il était donc temps pour Sole de prendre du recul et c’est ce que lui permet aujourd’hui, sans pour autant renoncer à son légendaire esprit militant, ce premier album instrumental en 6 ans qui emprunte son titre et son angoisse métaphysique au roman White Noise de Don DeLillo.
S’il n’a pas la cohérence du visionnaire Poly.sci.187, c’est justement en flirtant avec la dimension abrupte du cut-up (cf. la pochette) et en usant de surimpressions parfois sur le fil du bon goût à la façon du clip du diptyque Fallujah / The Military Entertainment Complex (critique ouverte du recrutement militaire par apologie de l’héroïsme armé dans les divertissements de masse) que WHITENOISE : nomoredystopias parvient à incarner sans le moindre verset cette sensation confuse qui anime l’Amérique d’aujourd’hui face aux faux-semblants d’une démocratie dont la propagande de terreur, désormais sous-jacente mais toujours bien présente, pousse paradoxalement au refuge dans la complaisance politique et le culte du plaisir immédiat.
Mêlant beats abstraits aux réminiscences parfois martiales ou ethniques (évocatrices de ces fausses croisades que le gouvernement d’Obama, après les avoir condamnées, mène désormais par drones interposés), discours de sociologues, anthropologues ou journalistes sur fond de synthés planants et saturés (délégués pour certains à sa femme Yasamin déjà présente sur les très beau Desert Eagle il y a 5 ans), background de FM 80s ou de SF vintage étouffé par les nappes de bruit blanc et autres manifestes sonores d’insurgés irakiens vrillés de drones noisy façon Bomb Squad, Tim Holland rend ainsi compte du chaos identitaire ambiant dans toute son ambiguïté nébuleuse mais sans trop mettre les points sur les "i", par le biais d’un album faussement débridé et vraiment déphasé : une allégorie de ces nombreux niveaux de gris qui caractérisent la politique d’aliénation subliminale menée par les États-Unis à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières, et de ses allures de fables dystopique avant l’heure.
D’ores et déjà dispo en digital, WHITENOISE : nomoredystopias bénéficie également d’une édition cassette limitée à 200 copies, en précommande jusqu’au 17 septembre sur le site officiel de Sole.
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