Paradoxalement, l’antidote à Tame Impala nous vient de trois membres de ce même combo australien, dont il aura fallu attendre le succès pour découvrir ce projet pourtant antérieur de quelques années. A leur tête, Nick Allbrook qui vient justement d’échanger sa place de bassiste avec le compère de Pond Cam Avery, laissant définitivement Tame Impala s’enliser dans sa psyché-pop rétro un brin dégoulinante pour offrir enfin un héritage digne de ce nom au fuzzy Innerspeaker.

Pour autant, la sensibilité pop n’est pas absente de ce cinquième opus du quintette de Perth (outre Allbrook, Jay Watson et Joseph Ryan on y trouve donc Cam Avery, à la batterie cette fois, et Jamie Terry à la basse), auquel donnera suite dans la foulée toujours chez Modulor un certain Man, It Feels Like Space Again déjà écrit depuis un an et dont l’enregistrement débutera en septembre. Comme sur son prédécesseur Beard, Wives, Denim, les riffs psyché multiplient les embardées bien senties, les harmonies vocales barbotent sous les effets et le petit groove mal dégrossi de la section rythmique surnage d’un kaléidoscope lo-fi repeint au LSD.

Mais les compos d’Hobo Rocket bénéficient d’une production plus nuancée et d’une ambition nettement plus poussée, crescendos à tiroirs mêlant envolées saturées et accalmies droguées qui réussissent finalement là où l’étrangement acclamé Lonerism avait échoué, à la croisée de l’épopée vintage brute de décoffrage et de la glam-pop nébuleuse à l’image du Giant Tortoise en clip ci-dessus garanti sans sucres ajoutés.