Le streaming du jour #773 : Portugal. The Man - ’Evil Friends’

Portugal. The Man aime la France, au point même de lâcher son nouvel album Evil Friends en pâture à Deezer exclusivement pour nous à deux jours de sa sortie officielle chez Atlantic, avec en prime un live acoustique enregistré à Paris de son morceau-titre électrisant et névrosé à souhait.

Restait à savoir après une poignée de singles prometteurs si le successeur dIn The Mountain In The Cloud allait réussir à perpétuer dans son entier le petit miracle du combo de Portland, passé en quelques années du statut de sensation indé estimée à celui de succès public sur l’une des plus grosses filiales de Warner sans perdre son identité ni son goût pour la transgression. Danger Mouse aux manettes, une ambition plus sombre et frontale tranchant avec le psychédélisme rétro de l’opus précédent, sur le papier tout concourait à reprendre les choses là où le parfait American Ghetto les avait laissées en 2010 avec ses hymnes mélangeurs dans la droite lignée des Dandy Warhols de la grande époque pour l’audace nonchalante et de feu Louis XIV pour la flamboyance décadente.

Eh bien la réponse est oui, et si le groupe flirte de plus en plus dangereusement avec une certaine emphase radio friendly comme en témoignait déjà en vidéo l’efficace Atomic Man transcendé par ses riffs belliqueux, le maniérisme glam de John Gourley au chant s’en accommode bizarrement mieux que bien et on souhaite bon courage à qui tentera de résister aux affleurements orchestraux de Plastic Soldiers, aux refrains branleurs de Creep In A T-Shirt ou au lyrisme fédérateur d’un Modern Jesus en rébellion contre les chapelles de tout poil, sans parler des cuivres épiques d’Holy Roller ou de la ferveur chorale de Sea Of Air dont le dépouillement de façade nous ménage à mi-parcours une petite envolée prog aussi osée que saisissante.


On pourrait passer tout l’album en revue mais l’essentiel est dit, quand Portugal. The Man infuse le mainstream de sa pop à tiroirs de bad boys mal peignés, piochant aussi bien dans le glam psyché des 70s ou la power-pop des 90s que dans l’électro, la funk, le gospel ou la folk de western urbain (Smile, qui vire à la marche heavy rock symphonique et droguée sans avoir l’air d’y toucher) et prônant pour unique religion l’assouvissement de nos désirs primaux, on prend son pied sans modération et sans y regarder de trop près.

Sévèrement addictif, à l’image de Someday Believers qui s’impose au fil des écoutes comme le monument de ce 7ème LP, pas tout à fait de la trempe d’un 1000 Years mais pas loin.


Streaming du jour - 01.06.2013 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
Portugal. The Man sur IRM - Myspace - Site Officiel