Après l’IDM finement texturée et déstructurée de l’EP Wolk chez Xtraplex qui empruntait encore aux sonorités acides des 90s, et le dark ambient électro-acoustique aux drones mystiques du tout aussi concis Scrap Book sorti dans la foulée chez Spiritech, Frédéric Vanderlynden accomplit finalement son évolution naturelle vers une forme d’abstraction fantasmagorique et mythologique sur ce premier véritable album de Virlyn, attendu extraits à l’appui depuis juillet dernier.

Au-delà de quelques affleurement instrumentaux ou vocaux tels que le duduk mélancolique de Lieven Stockx sur Lilith, le saxo méditatif de Lucas Van Milders sur Dawn, le violon asiatisant sur Kristal ou encore sur ces deux derniers titres les chœurs délicats de Cristiane Silva Corten qui se muent en chants de sirène pernicieux sur le bien-nommé Lorelei, les éléments constitutifs de ce Man Asleep se font en effet plus nébuleux encore, l’Anversois mêlant inextricablement field recordings crépitants, sonorités d’objets domestiques et autres lignes brumeuses d’instruments plus classiques (de la flûte au banjo en passant par le violoncelle) avant de les passer au filtre de ses effets électroniques pour en arriver à ces flots de textures sculptés de toute éternité.

A la fois crépusculaire et éthéré, troublant et apaisant, le résultat en écoute sur le Bandcamp d’Etalabel (excellente petite écurie polonaise menée de main de maître par le grand Grzegorz Bojanek) tient autant de l’élégie théogonique que du rêve à demi-conscient et nous plonge dans un brouillard sensoriel pour le moins ensorcelant :