Soirée Coax : The A.A’s + Richard Comte (solo) + SnAP - Le Cirque Electrique (Paris)
le 24/04/2013
Soirée Coax : The A.A’s + Richard Comte (solo) + SnAP - Le Cirque Electrique (Paris)
Nouvelle invasion de Coax au Cirque électrique ce mercredi 24 avril, encore en forme de triptyque, avec The A.A’s, Richard Comte "Innermap" et SnAP.
On aime COAX au cirque pour son éclairage radical, son ambiance studieuse et détendue, ces mêmes têtes qu’on retrouve chaque fois, et les mêmes intentions musicales cachées dedans, pour son goldorak, et pour la proximité qu’il impose entre le public et les musiciens. On assiste d’ailleurs mutuellement aux prestations des copains la plupart du temps. Ça tourne ensemble et ça partage un amour de la création intense et spontanée.
Le collectif prend sa source dans le jazz, dans sa branche la plus free, celle qui mène au hardcore. À chaque nouvelle incarnation, en trio, en solo ou en big band, difficile de ne pas penser à John Zorn et aux multiples projets qu’il parraine avec sa firme Tzadik. COAX c’est Tzadik sans le klezmer ! Et, cocorico ! C’est french, francilien plus exactement.
Pour beaucoup, ça sort de l’école et ça s’entend, ça se voit surtout. Le conservatoire forge une attitude qu’on reconnaît chez ceux qui ont été conservés. En général, ça forme des gens sérieux. Au moment de jouer, ça se concentre grave. Quand ça plaque un cluster, il faut supposer qu’une dizaine de pages de théorie le justifie. Mais pourquoi pas ! Il en faut bien qui pensent, ça fait la balance avec ceux qui s’inspirent de leur instinct, pour péter dans un tuyau...
En tout cas, la programmation présentait encore une nouvelle extension du collectif ce soir là, et néanmoins, une belle représentation. The A.A’s ouvre le bal. Un trio, comme souvent. La formation n’étonne pas : batterie, guitare, sax. C’est la même que DDJ et Hippie Diktat dont on avait déjà parlé. Si les tendances noise et free sont préservées ici, elles sont moins prégnantes que dans ces deux autres formations. The A.A’s ose de lourdes ballades aux grilles d’accords presque FM. Le jeu d’Alexandre Ambroziak à la batterie alterne entre libres impulsions et rythmiques binaires downtempo dont il sait nuancer la frappe. Antoine Viard a troqué son baryton (dont il actionne les mécaniques au sein du trio précité, celui qui a pris un oxymore pour nom) contre l’alto. Cela manifeste davantage la parenté de son jeu avec celui de Michael Lewis. Le son de son cuivre est feutré quand il consiste en douces lignes mélodiques et anguleux quand il couine.
Richard Comte est le guitariste d’Hippie Diktat qu’on avait aimé pour ses riffs incisifs, ses sonorités franchement métal et sa puissance générale. Il présentait ce soir là son récent projet solo intitulé Innermap . Aidé de multiples accessoires, de petites pinces à linge ou des gros clous, et d’un amas indistinct de pédales, il superpose les couches de sons, des larsens suraigus aux basses fréquences vrombissantes, pour produire un drone noise contemplatif et physique, qui capte l’oeil et l’oreille du spectateur durant plus de trois quarts d’heure. Intégralement conscient des potentialités sonores de son instrument et de ses effets, la longue langue vibrante qu’il déploie évolue au gré des idées que lui inspirent l’instant et l’espace. Très maîtrisé, l’ensemble ne révolutionne pas le genre mais en propose une belle variation.
Au moment des saluts, le guitariste remercie le collectif pour avoir rendu possible ce « travail sur l’espace sonore ». Quelques mots qui conceptualisent l’expérience quand elle aurait pu rester une chose seulement sensible. Innermap, nous informe la page qui lui est consacré sur le site de COAX, est une référence métaphorique sonore à nos cartographies mentales, constituées du réseau de connexions mémorielles qui se forme à mesure qu’on habite différents espaces. Si la chose est bien pensée, qu’apporte-t-elle à l’expérience musicale ? Il semble que celle-ci, plus temporelle que spatiale, se suffise déjà à elle-même.
Retour dynamique dans la formule trio avec SnAP, qui est à peu de chose près une autre incarnation de DDJ. Les tentacules de COAX sont décidément parcourues du même sang, puisque Yann Joussein à la batterie et Julien Desprez à la guitare sont à nouveau réunis ici. On reconnait les deux musiciens pour leurs jeux respectivement spectaculaires. Yann, c’est surtout dû à son physique. Le grand dadais a une manière de se mouvoir particulière qui implique une résonance inédite des fûts. Julien, c’est pour ses multiples contorsions autour de son instrument et son jeu de pied furtif qui le fait sautiller sur ses pédales.
Clément Edouard est l’élément qui donne à ce trio un tout autre champ d’action que celui de DDJ. Avec ses machines, il épouse les intentions noise de la guitare et les affirme clairement par des sonorités concrètes, entre « bips » électroniques et bruit blanc. Ce qui donne à la musique de SnAP une véritable identité distincte au sein de son environnement proche.
Pour respecter le dogme implicite du collectif, chaque prestation faisait encore appel cette fois à l’intensité créative de l’improvisation. Mais les structures reconnaissables des morceaux de The A.A’s et la complexité des « pièces » produites par SnAP, certaines étant jouées avec partition – montrent également une belle maîtrise de la composition.
Nous ferons en sorte de ne pas manquer le prochain rendez-vous (mensuel) de COAX au Cirque, afin d’évoquer ici l’aspect de leurs nouvelles métamorphoses.
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