Le streaming du jour #734 : Netherworld - ’Alchemy Of Ice’
Paradoxalement, si l’on s’est souvent intéressé dans ces colonnes à l’Italien Alessandro Tedeschi pour son travail d’orfèvre aux manettes de Glacial Movements, jamais un mot sur son projet musical Netherworld qui contribua pourtant parmi d’autres tels que Biosphere ou Oöphoi à forger cette esthétique "glacial ambient" à laquelle le label donne depuis 6 ans ses lettres de noblesse, artwork polaire à l’appui comme pour cet Alchemy Of Ice en écoute intégrale un mois avant sa sortie officielle en CD.
Oubli réparé donc, et c’est justement au regretté Oöphoi, décédé ce mois-ci, qu’est dédié le successeur d’Over The Summit, mastérisé à l’époque comme la plupart des opus précédents par ce stakhanoviste transalpin du space-ambient malheureusement peu connu en dehors du cercle d’initiés. Basé sur des field recordings captés dans des caves du Latium en 2003 et des textures générées en live l’an dernier lors de concerts donnés par Netherworld dans plusieurs festivals (dont le fameux Störung barcelonais consacré à l’électronique expérimentale), Alchemy Of Ice fait ainsi appel à Denis Blackham (Fennesz, Pan Sonic, Chris Watson, Hildur Guðnadóttir...) pour rendre justice à la profondeur de champ de ces six instrumentaux brumeux et craquelants, comme il avait su le faire l’an passé sur le captivant Descending Into Crevasse de Retina.it avec lequel l’album qui nous occupe ici a plus d’un point commun.
Alchemy Of Ice commence en effet par un travelling sans fin sur l’étendue immaculée d’un continent sans vie (cf. le morceau-titre avec ses marées radiantes dardant le sol gelé au rythme des pulsations sourdes émaillées d’accords de piano pastoraux), pour finalement en sonder l’envers, pénétrant la brèche de sa cover pour suivre les gouttelettes qui suintent dans la pénombre tel un spéléologue des grands froids (Polo Nord dell’inaccessibilità), élégie pour le déclin d’un écosystème qui rend son dernier souffle (Icepulse). Quoi de plus beau pourtant que ce silence quasi lunaire semble nous dire ce témoin privilégié sur White Silence, avant de descendre en rappel dans ce boyau claustrophobique où le soleil laisse place à la luminescence des nappes opalines et des percussions de cristal (85°50’S 65°47’E 08:35), dernier sanctuaire d’une grâce alchimique à la beauté fugace (Hymns To A Melancholic Sunset) :
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