Le streaming du jour #664 : João Alegria Pécurto - ’une autre mer’ & Joana Guerra - ’Gralha’
À plombé, plombé et demi : alors que d’un côté le violoncelle élégiaque de Joana Guerra en plongera plus d’un dans les affres tristement belles d’une mélancolie sans espoir de retour, chez João Alegria Pécurto les cordes tristes de la Portugaise déjà croisées aux arrangements du superbe Ambleteuse nous offriront au contraire de rares - voire salutaires - bouffées de spleen mélodique au milieu des stridences et autres dissonances d’une guitare acoustique qui n’avait que rarement exprimé autant d’angoisse et de névroses.
En co-signant les morceaux II et XII de cette ode à l’isolation et à la difficile quête de la paix intérieure, Joana Guerra fait pourtant le grand écart entre poésie désabusée et dramaturgie funeste, même si le second sentiment prend nettement l’ascendant sur le premier au long des 16 titres numéraires qui composent ce nouvel opus de João Alegria Pécurto. Néanmoins, après le dark ambient acoustique zébré de crissements oppressants des EPs la voix, Amanda ou Ápeiron, et malgré des accents drone-folk toujours aussi fantomatiques et lancinants sous l’effet des crins joués à l’archet (III, IX), l’album paraît presque accessible avec ses cascades d’arpèges atonals et autres errances mâtinées de percussions arides dans la lignée des morceaux les plus tourmentés d’ Ambleteuse.
Quant à Gralha ("geai" ou "choucas" en portugais), justement produit par Pécurto, il revêt souvent des allures de valse triste ou de liturgie de chambre mais sait également jouer du contraste entre solos de violoncelle dramatiques et harmonies immaculées, nous gratifiant ici d’une comptine dépouillée (Pourquoi faire le pas et sa drôle de scansion en français), là d’une complainte plus arrangée (l’introspectif Storytelling, linceul exsangue porté du bout du anche par la clarinette de Ricardo Ribeiro) ou plus loin d’un véritable requiem pour cordes frottées (Lucidez). Un beau disque tragique en somme, pour ceux dont le cœur pleure mais dont les traits ne laissent rien paraître.
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