Le streaming du jour #655 : Sylvia Hanschneckenbühl - ’Absolute, Kahlua & Bailey’s’
Plus de trois ans après Does Not Sing Christmas, Sylvia Hanschneckenbühl laisse une nouvelle trace discographique avec Absolute, Kahlua & Bailey’s. Ces huit pistes délicieuses portent le nom des "ingrédients qui composent le mudslide, cocktail apprécié par Kim Deal".
Il faut dire que Sylvia Hanschneckenbühl n’a jamais caché sa fascination pour l’Américaine car elle n’a pas le souci "de coller à l’air du temps, pas de vaste connerie visant à « toucher un public », pas de conseils à recevoir d’un directeur artistique idiot (pléonasme) de maison de disque, et pas l’ambition de « percer »". Le discours de la Parisienne est bien tranché, elle qui revendique avoir "bien trop de classe pour l’industrie du disque", et on ne s’étonnera pas de voir que ce disque audible gratuitement sur BandCamp sortira uniquement en vinyle. En autoproduction, évidemment.
Voilà pour l’enrobage. Intéressons-nous désormais au contenu d’Absolute, Kahlua & Bailey’s. Lorsque l’on souhaite décrire une artiste féminine relativement confidentielle, la comparer à PJ Harvey n’est sans doute pas le meilleur service qu’on puisse lui rendre. Non pas que la native de Yeovil soit une influence douteuse, vous vous en doutez bien, mais l’accumulation de ses doubles dénuées de personnalité a fini par vider de son sens l’utilisation de cette référence. Celle-ci reflète désormais bien souvent autant le manque d’imagination de l’artiste en herbe que de l’auteur de cette comparaison.
Mettons donc de côté l’influence de PJ Harvey, pourtant pas idiote si l’on se réfère à la période To Bring You My Love. On pourra alors citer les influences de Shannon Wright ou Veronica Falls. Mais, encore une fois, aussi bien musicalement que vocalement, c’est vers l’ancienne Pixies qu’il faut revenir. "Pour beaucoup de gens, une chanteuse doit avoir une « voix ». Comme si chanter relevait de la performance technique. J’ai toujours pensé que trop de technique nuit à la musique. On fait de la musique pour faire passer des émotions. Kim Deal chante comme un être humain. Humblement. L’alcool, la clope et la fatigue clairement audibles dans sa voix, ses faiblesses vocales complètement assumées, tout cela fait que quand elle chante on entend une vraie personne, touchante".
A dire vrai, celle qui apprécie également les Kills et Grandaddy est embarquée sur le même navire. Le côté brut assumé, aussi bien des compositions que de sa voix, lui permet d’être aussi efficace dans l’immédiateté évidente d’un Half A Life que dans un registre moins accessible. Mais quoi qu’il arrive, à l’image de Your Name Is Nobody, l’indie pop de la Française est toujours très mélodieuse. Et on n’oubliera pas de mentionner Number 18 Baby, sommet de l’album et ultime clin d’œil à Kim Deal puisque le titre du morceau évoque clairement celui de la onzième piste de Doolittle.
Brut mais mélodique, on se délectera de cette nouvelle galette réalisée quasi-exclusivement seule par Sylvia Hanschneckenbühl. A l’abri des directeurs artistiques, évidemment. Pourvu que ça dure.
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