Le streaming du jour #566 : Caulbearer - ’Haunts’ & Cody Drasser - ’The Fate Of Things’
Sorti de nulle part, ou plus exactement du néant virtuel qui sépare Austin, Texas d’Albuquerque au Nouveau Mexique, ce duo aux drones sismiques et hantés en remontrerait presque à Tim Hecker ou à Sun Thief au gré des vents mauvais de l’inaugural Haunts. Attention chef-d’œuvre.
Bandcamp charrie tellement d’albums autoproduits qu’il est difficile de s’y retrouver, et plus encore quand on touche à l’ambient et à ses atmosphères qui prennent parfois du temps à se dévoiler. Et pourtant, parfois, par-delà la circonspection de certains face au premier essai d’un groupe tout juste suivi par une quarantaine de fidèles sur facebook, c’est la claque immédiate et sans équivoque, comme avec ces sommets d’ampleur pullulante aux évocations arides et pourtant ultra-détaillées, zoom sans fin sur les aspérités de l’épiderme de Dieu ou les plaques de terre desséchées que parcourent en tous sens les scarabées du clip de l’introductif The Absorbing Ghost I :
.. tandis que la végétation sanguinolente et autres paysages crépusculaires de la vidéo de Siege Machines II illustrent à la perfection la dimension ténébreuse d’un disque qui réinvente le dark ambient dans un désert de sel, avec ses chapes solaires aux suintements corrosifs pour la peau comme pour l’âme :
Un côté obscur qui bascule enfin dans l’ombre avec le triptyque Shipwrecked Cathedrals et notamment son second mouvement qui semble vouloir aspirer nos âmes dans les limbes de l’oubli, de ses vagues languides aux allures de chœurs de succubes. Quant aux deux parties terminales d’Infinite Rooms Of The Afterlife, elles portent on ne peut mieux leur nom, no man’s land d’éther abrasif dont le vortex spectral sans entrée ni sortie emprisonne nos esprits de toute éternité et se décidera finalement à les noyer sous un tsunami de bruit blanc :
L’occasion de s’intéresser aux travaux du Texan Cody Spence Drasser sans son compère Ben Roe Jr. cette fois, les tonalités plus maussades et minimalistes de son premier album The Fate Of Things manifestant un intérêt marqué pour l’introspection des plus sombres et mystérieux recoins de notre inconscient. Plus angoissant et plombé que Haunts mais tout aussi dense et fantomatique, ce véritable monolithe taillé pour glacer les tympans des amateurs de Cezary Gapik développe également une atmosphère mystique propice à la résurgence de nos peurs les plus profondément enfouies, cernés que nous sommes sur Not Even Light ou Pass Through Endless par le noir absolu et la perspective d’un au-delà dénué de sens ou de substance.
Soit la promesse d’un purgatoire sans fin, que l’album ne manque pas de nous faire expérimenter dans sa seconde partie aux souterrains particulièrement étouffants... claustrophobes s’abstenir :
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