Ça n’est pas souvent qu’on vous conseille un groupe sur la foi d’un unique single, mais pour avoir eu la chance d’approfondir en session live l’univers d’Erotic Market, difficile de résister à la tentation de miser sur les hybridations habitées et la personnalité musicale et vocale bien affirmée de ce combo lyonnais emmené par Marine Pellegrini au micro et Lucas Garnier aux machines, anciens piliers l’un comme l’autre du combo soul/jazz N’Relax.
Vocalises païennes et cuivres martiaux au premier plan, ça s’appelle donc Rumblin et ça sort aujourd’hui via Echo Orange vidéo à l’appui (et avec en face-B une chouette relecture UK bass par Supa-Jay du Scratch Bandits Crew) :
Fusion singulière - et néanmoins d’un naturel confondant - de pop facétieuse, de Rhythm & Blues classieux, de rock massif, de folklore tribal, d’électronique fureteuse et de hip-hop old school, c’est tout juste si la musique du groupe nous aura rappelé de loin les malicieux métissages électro-vaudou de Barbara Panther ou les télescopages heavy de Sleigh Bells. On ne saurait donc trop vous conseiller si vous êtres curieux et habitez la capitale des Gaules d’aller jeter une oreille à leur set du 8 novembre au Kraspek Myzik, dans le cadre du 14ème Riddim Collision du label Jarring Effects dont on vous reparlera très prochainement.
D’autres dates sont également prévues ces trois prochains mois, avec un détour par la Suisse, dont une première partie des très hype Alt-J au Marché Gare et un passage par l’International pour les Parisiens :
10 octobre : Le Totem, Maxeville
11 octobre : L’International, Paris (w/ Moto Moto)
12 octobre : L’Étincelle, Angers
26 octobre : Festival "Just Rock" @ Transbordeur, Villeurbanne (w/ Naive New Beaters, Hyphen Hyphen & Twin Twin)
8 novembre : Festival "Riddim Collision" @ Kraspek Myzik, Lyon (w/ Alligator & Jesus Is My Girlfriend)
26 novembre : Le Marché Gare, Lyon (w/ Alt-J)
5 décembre : Le Galpon, Tournus
8 décembre : La Cigale, Nyons
Avec un second single prévu pour février 2013, les choses avancent donc plutôt bien du côté d’Erotic Market, l’occasion d’interroger ses deux instigateurs et d’en apprendre un peu plus sur leur projet, dans la folie douce et la bonne humeur qui les caractérisent.
L’interview
IRM : Vous êtes un duo en studio, un quatuor sur scène, qui fait quoi dans Erotic Market ?
Lucas : On compose et on réalise la musique à deux, Marine et moi. Les textes sont de Marine, je travaille le son. Sur scène, Sylvain Girbes et Julien Jussey nous rejoignent respectivement à la batterie et à la basse. Je joue et centralise l’électronique (synthé, percus). Marine chante et joue du clavier.
Et j’oubliais, tout le monde fait des choeurs. Julien et Sylvain sont aussi chanteurs, et pas des moindres !
Marine : Lucas et moi on bidouille dans une grotte. On cherche, on cherche... et une fois qu’on a trouvé on balance la sauce avec nos super musiciens. C’est des oufs, ils savent tout faire et avec une sensibilité de malade !
Vous avez nettement durci le son depuis l’aventure plus jazzy/soul de N’Relax, qu’est-ce qui a motivé ce changement de cap ? Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
Lucas : Durcir le son n’a pas été un choix. C’est arrivé naturellement, dès les premiers sons et idées échangés.
Marine : Ouais c’est vrai c’est sorti comme ça. Perso je hausse le ton parce que j’ai vécu des trucs qui m’ont mise en colère. Avant j’étais un peu triste et je chantais pas fort et en fait je crois que c’est parce qu’inconsciemment je voulais pas trop qu’on m’entende, je voulais pas faire de vagues. Là les gens vont pas forcément plus m’écouter mais en tous cas ils vont m’entendre !!! Ahah !
Et j’ai beaucoup appris au contact des musiciens de N’Relax. c’est des tueurs ! Ils m’ont appris beaucoup de choses musicalement et humainement. Ils me manquent souvent mais il fallait que je m’émancipe, c’était vital.
Votre univers mêle (ou confronte) avec le plus grand naturel des influences diverses et parfois presque antinomiques, quelles sont vos musiques de chevet ?
Lucas : Je fais passer par mes oreilles un nombre incalculable de trucs très différents les uns des autres, et pas toujours des plus agréables ! Ça va du classique plutôt contemporain au rock le plus violent. Quand la musique me dérange ou m’intrigue de prime abord, c’est souvent bon signe. En ce moment par exemple, j’écoute à la fois Hound Dog Taylor, Pierrot Lunaire (de Schönberg), et Animal Collective.
Marine : Pourquoi antinomiques ? Tu penses à quoi ? Je sais pas... Je trouve que Beyoncé et Motörhead ça se ressemble un peu. Non, mais je suis sérieuse en plus. A partir du moment où ça te fait un truc dans le corps, bien ou pas, que tu as envie de danser ou qu’à un moment c’est tellement bizarre que t’as envie de crier "oh mais qu’est-ce que tu me mets dans la gueule, là ? je comprends pas ce qui m’arrive !", pour moi c’est gagné. C’est le corps qui dit si c’est bon ou pas. Et du coup ça fait un baladeur MP3 avec Beyoncé, Missy Elliott, Busta Rhymes, Lykke Li.
Et en dehors de la musique, qu’est-ce qui vous inspire ?
Lucas : L’environnement (urbain/nature), les liens humains, les arts visuels, parmi tant d’autres... On a accès à tellement de choses aujourd’hui ! J’aime en aborder un maximum, quitte à me noyer un peu de temps en temps. Je me fais confiance pour ne pas rester au fond trop longtemps et faire le tri quand cela s’avère nécessaire.
Marine : Les humains qui ressemblent à des animaux ou à des plantes. Et comme beaucoup de gens de notre génération, on aime la ville autant qu’elle nous abrutit et la campagne autant qu’elle nous ennuie. On a le cul entre deux chaises. Une fesse sur le périph’ et une dans la bouse.
Une mini-tournée bookée par le Grolektif avec le soutien de Jarring Effects démarre en octobre, sera-t-elle décisive pour l’avenir du groupe ? Quelles sont vos ambitions pour la suite ?
Lucas : Décisive ? Non. Elle a son importance, mais pas plus que ce qui l’a précédé, ni ce qui suivra. Nos ambitions ? Tout faire à fond et conquérir la monde. Ah ah !!!
Marine : Moi je veux aller me frotter aux anglophones, voir ce qu’ils disent de notre musique, de mes paroles. Puis j’aimerais bien jouer au Japon et en Islande aussi parce que j’y suis allée et j’aimerais trop y retourner parce qu’ils sont un peu fous là-bas.
Pour terminer, la pop électronique en 2012 ça vous évoque quoi ?
Lucas : Ouh… la colle ! Bin… Erotic Market !!!
Marine : BOOM ! bien joué Lucas ! Ahaha ! (rholala ils ont déjà le melon.... t’as vu ?)
Erotic Market sur facebook.