Huit ans après l’autoproduit Z’’ukr, le guitariste Emmanuel Calary et le bassiste Eddie Remazeilles se sont adjoints les services de l’ex Ulan Bator Franck Lantignac, une rencontre qui a sans doute grandement contribué au virage noisy et frontal de ce Lame Horses enregistré live pour ne rien brider de cette énergie farouche héritée de la noise française massive et imagée des Bästard, Deity Guns ou autre Prohibition.

Ainsi les trémolos de guitare sont bel et bien présents au second plan sur Finished, Les Invasions ou Carnival, et sur Moleskine des arpèges tortueux et cinématiques mènent la danse, mais le trio bordelais trouve dans cette tension rythmique tantôt martiale ou libertaire, couplée à un jeu de guitare pugnace, les moyens de court-circuiter les codes d’un post-rock trop souvent coulé dans le formol depuis l’avènement de copycats de Mogwai ou du label Constellation tels qu’Explosions In The Sky, Mono ou Caspian.

Les chevaux toutefois ne sont pas à l’aise qu’au grand galop et le disque réserve quelques respirations plus contemplatives à l’image d’Aladin ou du superbe Bow Shock dont le crescendo aux effets psyché, répondant aux distorsions saturées du sus-nommé Les Invasions, se construit avec force mélancolie sur une séquence vocale répétée jusqu’à l’abstraction que l’on jurerait tirée d’une interview de Björk tout comme les samples de Bayou Billy, l’accent islandais résistant tant bien que mal au traitement reverse.

Un morceau dont Bow Shock retrouve d’ailleurs les wah-wah cataclysmiques après avoir viré à la cavalcade électrique en fin de parcours pour mieux nous préparer à l’enchaînement d’Emergency Chocolate et surtout à la progression versatile du final Unsound Horse, titre-fleuve dont l’entame bluesy se mue peu à peu en déluge psychédélique, confirmant toute la puissance d’exécution d’une formation que l’on suivra désormais de très près.