Entre les ventes flash à répétition, le retour de Zozobra annoncé chez Brutal Panda et l’upload d’une part non négligeable du catalogue du label sur Bandcamp, on aurait dû se douter que quelque chose n’allait pas du côté d’Hydra Head. Pourtant, quand les rumeurs ont commencé à faire le tour du net hier après-midi suite aux quelques mots amers et laconiques d’Eugene Robinson (Oxbow) sur la nécessité de se chercher un nouveau pied-à-terre, on n’a pas voulu y croire, et d’autant moins que l’écurie post-metal de LA était encore en passe de faire une très grande année (cf. notamment ici, ou là, et puis là aussi tiens).
L’incompréhension donc, du moins jusqu’à hier soir, et ce billet du patron Aaron Turner sur le blog du label, titré sans la moindre équivoque "l’imminente dissolution d’Hydra Head", et où le frontman d’Old Man Gloom, de Jodis et de feu Isis (entre mille autres projets essentiels du metal aventureux de la dernière décennie, de Mamiffer à Greymachine en passant par House Of Low Culture ou les rageurs Split Cranium sur lesquels on reviendra plus bas) fait un appel aux dons sans trop y croire, affirmant qu’il en faudrait davantage pour sauver de la noyade une structure qui "tourne à vide depuis un moment déjà" et s’apprête avec résignation à mettre la clé sous la porte après plus de 15 ans d’activisme dans le "gros son" exigeant.
"Des années de déséquilibre entre nos idéaux créatifs et les réalités financières, des problèmes personnels parmi les opérateurs du label, une réticence à compromettre nos standards esthétiques, une tendance à produire des artistes ambitieux et stimulants (autant dire invendables) et le déclin régulier de l’industrie de la musique en général, sont quelques-unes des principales raisons de notre incapacité à continuer", explique ainsi l’Américain, précisant que les activités d’Hydra Head continueront jusqu’en décembre et que le catalogue demeurera accessible, ne serait-ce que dans l’optique de rembourser ses créanciers, au premier rang desquels les artistes et les compagnies de pressage.
On vous engage donc à guetter par ici le gigantesque vide-grenier annoncé pour les 6 à 12 prochains mois, une bonne occasion d’explorer plus amplement le back catalogue du label et de le soutenir à la mesure de votre passion. Car si vous avez forgé comme nous votre amour des post-choses versant "extrême" au rythme souvent martelé des sorties de Jesu, Cave In, Botch, Keelhaul, Pelican, Coalesce, Knut, Oxbow, Big Business, Nihill ou encore Sunn O))) à ses débuts sans parler des multiples projets sus-nommés de Turner ou de ces dizaines de groupes mythiques passés à un moment ou à un autre par les rangs d’Hydra Head (citons notamment les Melvins, Neurosis, Khanate, Agoraphobic Nosebleed, Converge, Brutal Truth, Daughters, Xasthur, Pyramids, Nadja, Torche, Boris, Envy, et puis Demian Johnston, Prurient et Merzbow côté noise ou même Lustmord car la structure flirtait de plus en plus souvent avec le dark ambient), vous comprendrez qu’il nous soit difficile de baisser les bras si facilement devant tant d’injustice.
On se quitte donc avec tristesse mais non sans un lueur d’espoir sur le punk hardcore mâtiné d’expérimentations noisy du fulgurant éponyme de Split Cranium (soit Aaaron Turner + Jussi Lehtisalo de Circle et deux autres Finlandais inconnus au bataillon) et on compte sur vous pour participer à ce baroud d’honneur auquel se joignent déjà musiciens, blogueurs et mélomanes du monde entier :
Ceci n’est pas un RIP, personne ne veut de ce grand vide entre Neurot et Relapse. Alors bon courage à l’équipe d’Hydra Head, et quoi qu’il puisse arriver, merci pour tout.