Le streaming du jour #500 : Deerhoof - ’Breakup Song’
Quoi de plus approprié pour cette 500ème que le nouvel album du groupe qui s’échine à sortir la pop de ses gonds et à la sauver de l’ennui année après année ?
On passera rapidement sur la vidéo par l’intermédiaire de laquelle le combo de San Francisco nous révèle à quelques jours de sa sortie chez ATP Recordings ce 11ème opus, successeur du coloré Deerhoof vs. Evil. Cette ballade nocturne sur Nassau Avenue à Brooklyn en compagnie de Satomi Matsuzaki et de son bouquet de ballons avec caméscope embarqué, rejointe à partir de l’épique Bad Kids To The Front par un Greg Saunier en pantalon rose et claquettes, vous donnera au mieux quelques maux de tête au gré de ses images cahotantes... autant passer par NPR donc, l’essentiel restant la musique qui pour le coup n’avait plus sonné aussi noisy, déjantée et déstructurée depuis The Runners Four, au moins.
Si le très bruitiste Breakup Songs puis le plus groovy There’s That Grin laissent entrevoir en ouverture un certain schéma directeur dans la continuité de l’opus précédent, injectant ruptures jazzy et sonorités ethniques (ragga à l’indienne façon MIA pour le premier ou cuivres afro-cubains pour le second) entre deux saillies électriques, on comprend dès le sus-nommé Bad Kids To The Front, morceau de bravoure kosmische-pop synthétisant le meilleur des expérimentations stellaires de labels tels que Debacle ou Field Hymns en 3 minutes de fièvre analogique tout en distorsions pointillistes, qu’il ne faudra pas compter sur quelque fil d’Ariane que ce soit, Deerhoof retrouvant ici la pleine possession de sa folie douce riche en digressions kaléidoscopiques (cf. le break folk onirique du percutant Zero Seconds Pause, les rondeurs tropicales de l’éthéré Flower ou les bribes de mélodies péruviennes du truculent Mothball The Fleet).
Quant au sens du contraste qui faisait toute la force du génial Friend Opportunity, on lui doit également ici quelques enchaînements tourneboulants, citons notamment celui qui voit le synth-rock emphatique aux riffs doomesques de To Fly Or Not To Fly s’effacer brusquement devant la funk-pop latine aux refrains rétro de The Trouble With Candyhands avant que le krautrock discoïde d’un We Do Parties aux synthés sursaturés ne vienne déblayer le terrain pour la piste de danse du décadent Mario’s Flaming Whiskers III, sas de décompression pour robots-guerriers en permission comme le chantera finalement Satomi sur le touchant Fête d’Adieu.
Une demi-heure aussi réjouissante qu’épuisante en somme, mais qu’on aura bien du mal à épuiser, justement, avant un bon millier d’écoutes.
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