On ne s’était guère étendu en 2010 sur le groove élégant du beau Rising Sun, mais quelques lignes avaient suffi pour laisser entendre tout le bien que l’on pensait de la mixture proposée par The Souljazz Orchestra. Et ça n’était finalement que partie remise, puisque le combo d’Ottawa fêtera ses dix ans d’existence avec un cinquième album à paraître le 17 septembre chez Strut Records, label londonien de référence dans le déterrage de pépites afro-funk passé en 2008 sous la supervision de Studio !K7.
Avec sa levée de flambeau pluriethnique réminiscente des poings dressés de Freedom No Go Die en 2007, la pochette de Solidarity parle d’elle même quant aux thèmes abordés par ce nouvel opus, de même que les références cubaines de l’hispanophone Ya Basta et les archives altermondialistes de sa vidéo aux allures de fiesta contestataire :
Une fois encore, l’influence des balancements caribéens ne sauraient éclipser un subtil métissage nourri à l’afrobeat comme au psychédélisme éthio-jazz, et si l’album - enregistré sur un 8-pistes à l’aide d’une pelletée d’instruments ressortis des greniers du groupe - s’annonce plus électrique et dansant au regard des atmosphères feutrées de son illustre prédécesseur, on n’en suivra pas moins avec intérêt les nouvelles circonvolutions des Canadiens.
Outre le percussionniste Philippe Lafrenière et son compère le saxophoniste Raymond Murray, quelques invités de l’underground local prendront ainsi le micro en Anglais, en Portugais ou encore en Wolof, citons Élage M’Baye, descendant d’un griot sénégalais, le songwriter d’origine brésilienne Rômmel Ribeiro ou encore Slim Moore, soulman "jamaïco-canadien" que l’on retrouve par ailleurs à la tête de Slim Moore & The Mar-Kays dont on ne saurait trop vous conseiller la ferveur romantique et rétro en studio comme sur scène.
Et la scène parlons-en puisque le SJO prévoit justement une tournée internationale à l’automne, plus qu’à croiser les doigts - ou les poings ? - pour qu’elle passe par chez nous.