Top albums - mai 2012
Quelques soucis de timing en ce début d’été, la chaleur éloigne des écrans c’est bien connu mais la passion n’en fut pas moins au rendez-vous le mois dernier sur le FIR pour plébisciter le sixième album de Sigur Rós et quelques dauphins de poids.
1. Sigur Rós - Valtari
< voir les vidéos >
Avec Með suð í eyrum við spilum endalaust, pour la première fois, Sigur Rós décevait. Sentiment qui se prolongeait à la sortie de Go, premier album solo de Jónsi. Dès lors, ne devait-on pas craindre, de la part des Islandais, une trajectoire descendante, ne pouvant que nous inciter à revenir sur leurs chefs-d’œuvre précédents sans guère se préoccuper des nouvelles sorties ?
Mauvaise pioche. Le projet du leader de la formation aux côtés d’Alex Somers a visiblement donné un nouvel élan à son inspiration si bien que Valtari est bien plus instrumental que les précédentes livraisons du groupe. Malgré l’organe de Jón Þór Birgisson, on ne s’en plaint même pas. Témoin de la qualité et de la cohérence de l’album, il est ardu d’extraire un titre de l’album pour le commenter de manière individuelle. Plus expérimental et ambient que son prédécesseur, Valtari nous réconcilie, si jamais le besoin s’en était fait sentir, avec l’une des formations les plus passionnantes de ces quinze dernières années.
(Elnorton)
Non content de renouer avec l’ambition et le lyrisme qui faisaient défaut au groupe depuis Takk..., ce nouvel album des Islandais met en effet à profit l’expérience de Jónsi au sein de Riceboy Sleeps pour familiariser le grand public indé aux sphères plus ambient de projets orchestraux tels que From The Mouth Of The Sun.
Une raison parmi tant d’autres d’admirer ce Valtari, qui refuse de choisir entre élégance et émotion, atmosphères éthérées et montées en intensité pour la plus grande satisfaction, également, des amoureux de ( ) dont ce sixième opus pourrait être la contrepartie lumineuse : un "rouleau compresseur" ("valtari" en islandais) de pure grâce céleste pour nos doutes et nos idées noires, et dont la musique tout comme les vidéos - pour lesquelles le groupe a laissé le champ libre à un certain nombre de réalisateurs indépendants - prône la communion avec l’Autre et avec sa propre spiritualité.
(Rabbit)
2. Mount Eerie - Clear Moon
Trois ans séparent Clear Moon du précédent album et Phil Elverum ne semble pas avoir changé ses préoccupations. La montagne brumeuse, surplombée d’un logo blanc, la lune en transparence... et l’impression d’avoir à pas feutrés mis les pieds sur une discrète mousse végétale sacralisée par l’artiste. Le bruissement permanent des feuilles de Wind’s Poem et son style si particulier de folk lo-fi à l’inspiration black metal, a cependant laissé place à une production plus léchée (mais pas plus lisse), ouverte aux nouvelles sonorités, aux synthétiseurs et aux choeurs féminins : ceux d’Allyson Foster (Through the Trees Pt. 2, The Place I Live) et de Geneviève Castrée (Over Dark Water), Madame Elverum à la ville, plus connue sous les noms de Woelv et d’Ô Paon.
Celui à qui l’on prête une existence solitaire ne l’est visiblement pas tant que ça. Rappelons-nous également que l’artiste a joué en groupe (The Microphones, D+...), produit, dirige un modeste label et a mené à bien une collaboration, à travers Lost Wisdom (2008), avec la Canadienne Julie Doiron. En résumé, Clear Moon fait passer le travail de Mount Eerie d’une beauté timide, minimaliste, à un charme plus expansif, généreux, dans sa première partie... pour retomber ensuite dans un mutisme sombre et ambient, jusqu’à nous bercer et s’évanouir complétement dans la nature. Réjouissons-nous d’ores et déjà car tout ceci n’est pas terminé : ajouté à l’annonce plus que bienvenue de rééditions côté Microphones, Ocean Roar fera de nouveau réapparaitre Mount Eerie le 4 septembre prochain.
(Riton)
3. Witxes - Sorcery/Geography
< lire la chronique sur DCALC >
Non content de nous immerger en beauté au gré de ses fantasmagories ambient aussi intenses que majestueuses, ce deuxième opus du projet solo du Lyonnais Maxime Vavasseur (Haunted Candy Shop, СОЛЯРИС) dégage une saisissante maturité. Laissant derrière lui les comparaisons hâtives qu’avaient pu engendrer les nappes de drones incandescents et saturés de l’excellent Scrawls #01 en 2010, Sorcery/Geography se révèle en effet tout aussi ambitieux dans son approche du jazz et de l’acoustique, dont les résidus épurés (saxo vintage, piano impressionniste, percussions en roue libre, guitare aride ou cordes menaçantes) viennent se fondre dans les interstices d’un tsunami de reverb’ mystique et de bruit statique. Impressionnant.
En écoute intégrale sur Bandcamp :
(Rabbit)
4. Spain - The Soul Of Spain
Après 10 ans de quasi silence, juste ponctué par quelques très discrètes apparitions, Josh Haden décide enfin de dépoussiérer l’artefact Spain.
Les plus jeunes de nos lecteurs n’ont certainement pas connu le Blue Moods Of Spain sorti en 1995, véritable concentré de mélancolie, spleen en bouteille, qui s’écoute encore maintenant avec la larme à l’œil. Ils auront du mal à comprendre l’engouement autour du retour d’un vieux groupe, devenue légende d’un style tombé dans l’oubli depuis longtemps.
Et c’est dommage, car sur The Soul Of Spain, Josh Haden
renouvelle sa musique sans en corrompre l’essence. Épuré, éthéré, précis et délicat, ce nouvel opus coule son spleen élégiaque au gré d’une basse sourde et omniprésente, de mélodies claires et aériennes et d’escapades rock/jazzy.
Certainement l’un des meilleurs disques de l’année.
(nono)
Sigur Rós sur IRM - Site Officiel - Myspace
Spain sur IRM - Site Officiel - Myspace - Bandcamp
Mount Eerie sur IRM
Witxes sur IRM - Bandcamp - Site Officiel
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