En solo ou accompagné, on vous parle décidément souvent de 7even Sun depuis l’an dernier mais comment faire autrement puisque le beatmaker aixois progresse à chaque sortie au risque de venir chatouiller dans un avenir proche les magiciens du hip-hop US d’antan, versant aérien et jazzy ?

Après son fort sympathique diptyque d’EPs abstraitement concrets et vice-versa, voilà donc l’auteur d’ Another Dimension de retour sur format long pour un nouveau kaléidoscope instrumental aussi cool que désarmant. Du talent mais aucune prétention, c’est ce qu’on apprécie avant tout chez le bonhomme, mais on aime aussi les effluves old school de ses productions épurées qui ont su perpétuer l’esprit de l’âge d’or tout en incorporant les sonorités plus liquides du hip-hop post-J Dilla (un titre de l’album s’appelle d’ailleurs Aquarium), sa capacité à nous réconcilier avec les badineries latines (Problemas) ou les rêveries plus extatiques (Hippie) voire - et là ça n’était pas gagné d’avance - avec l’héritage de Michael Jackson (Keep On), sa coolitude à toute épreuve (Smooth Sunday, Peace), son humour aussi (Ouch My Neck aux ruptures traîtreusement abruptes, I Don’t Give A Funk qui donne à juste titre dans la nonchalance lascive ou encore Tetrahydrosomething dont la chimie approximative fonctionne comme une drogue douce).

A dire vrai, le voir alterner productions ambitieuses inscrites dans l’air du temps (Focusing, Hypnotized) et hommages assumés à des sons plus datés (Unstoppable, Hip Hop I Love U) est également l’une de ces paradoxales qualités qui rendent sa musique aussi attachante malgré quelques passages forcément moins consistants (Calm And Storm, Feeling Bad Today). Concret, abstrait ou entre les deux, la question reste donc en suspend, mais ce qui est certain c’est que l’on n’est pas prêt de se lasser de ces sorties en libre écoute via Bandcamp, et qu’hormis peut-être les couleurs criardes et un brin baveuses de ses pochettes, on ne voudrait pas changer quoi que ce soit chez 7even Sun :