Finalement de retour dans la peau scarifiée de son entité historique après ses collaborations et projets parallèles de l’an dernier (cf. ici), James Church, que l’on avait connu plus prolifique, nous explique cette relative absence de près d’un an et demi par le concept même de The Wreckage, gargantuesque successeur de l’instrumental TX Side Effects dont on retrouve en bout de course deux très bons remixes du "Dust Brothers-esque" Expiration Date : raconter deux années chaotiques qui l’ont façonné plus qu’aucune autre période de sa vie, "quelques éclairs de lumières et des mois de ténèbres" confie-t-il via Bandcamp où le disque est disponible en libre écoute.

En résulte l’album le plus brutal, frénétique, étouffant et désespéré de la carrière de l’Américain, véritable déferlante post-indus sans merci dont les influences vont de la power noise au breakcore en passant par le dark ambient, l’IDM, le glich, l’abstract hip-hop ou encore la techno hardcore, les beats sursaturés et distordus aux emballements imprévisibles sous leurs allures rudimentaires témoignant d’une efficacité à la hauteur de la viralité des nappes crépusculaires qui les surplombent.

Album-somme, dédale jonché de samples anxiogènes, de fil barbelé et de clous rouillés, The Wreckage magnifie la schizophrénie de son auteur, survivant marqué au fer rouge d’un parcours relationnel en ruines et, de son propre aveu, doigt d’honneur à tous ceux qui auraient aimer le voir échouer ou disparaître. Des épaves comme ça, on préfère autant ne pas en croiser au Fight Club du coin, heureusement que pour tomber sur le bonhomme il faudra aller traîner sa carcasse jusqu’à Anchorage à l’extrême pointe de... l’Alaska.