On le sait depuis leur premier album éponyme sorti en 2009 et toujours en écoute ici : la psyché-pop incandescente de Yeti Lane aura beau déployer toute l’énergie du monde, elle ne nous fera pas oublier le post-rock onirique et troublant de feu Cyann & Ben, groupe sur les cendres duquel est née la formation parisienne toujours emmenée par Ben Pleng aux chant/guitares/synthés, accompagné de Charlie à la batterie et aux machines (Loïc ayant quitté l’aventure entre-temps).

Non pas d’ailleurs que le duo pêche du côté atmosphérique de la force sur son nouvel opus The Echo Show prévu pour le 7 mars et dévoilé en avant-première dans l’intervalle par nos confrères de The Drone, ni même sur le plan de la sensibilité, certains titres tels que Warning Sensations ou Dead Tired convoquant sans complexe le fourmillement cosmique du Grandaddy de The Sophware Slump sous perfusion kosmische (cf. la pochette en hommage aux pionniers Kraftwerk via leur fameux Trans-Europe Express ).

On pourrait même dire que Yeti Lane assure dans sa fusion d’électricité flamboyante et d’envolées stellaires, d’un bout à l’autre d’un disque nettement plus ambitieux que le précédent dans sa construction et ponctué d’interludes ascensionnels du meilleur effet. Allez, avouons-le, si ce n’est peut-être de sonner moins singulier que Cyann & Ben en son temps, en plein revival krautrock à toutes les sauces, on a finalement pas grand chose à reprocher à cet Echo Show aussi efficace qu’élégant qui a même la classe d’ouvrir les hostilités sur un Analog Wheel dantesque de près de 8 minutes. Un titre à réveiller Syd Barrett d’entre les morts et faire pâlir de jalousie le déchu M83, complice justement du temps du label Gooom quand ses épopées synthétiques ne dégoulinaient pas encore de ce romantisme adolescent devenu imbuvable sur les deux derniers albums.

Yeti Lane se produira le 30 mars au Point Éphémère (Paris).