Avec ses flâneries impressionnistes où piano délicat, drones scintillants, interférences électroniques discrètes et field recordings magnifiés s’entremêlent sous un soleil voilé parfois menacé par d’épais nuages à l’horizon, Listening Mirror fait désormais partie de ces artistes capables de symboliser à eux seuls la quintessence d’un label, en l’occurrence Hibernate, sérieux concurrent de 12k et Room40 au titre de cocon le plus confortable de l’ambient actuelle.

En attendant sa collaboration très en vue avec l’envoûtante Alicia Merz aka Birds Of Passage - l’oppressant Silent Night en libre téléchargement ici ou le plus insidieux Mixtli Sleeps tiré de l’EP The Heart Of The Sky d’octobre dernier augurant d’ores et déjà du meilleur pour l’album à venir - c’est en compagnie de la pianiste et vocaliste Kate Tustain que l’Anglais Jeff Stonehouse tente de cristalliser ces instants de beauté fugace distillés par le monde qui l’entoure, qu’il s’agisse des remous d’un torrent, d’enfants jouant dans un parc ou d’oiseaux en plein conciliabule dans la fraîcheur forestière.

Sélectionnés parmi leurs EPs limités et désormais épuisés sortis ces deux dernières années sur des structures telles qu’Audio Gourmet, Heat Death, Arew ou encore Rural Colours, netlabel affilié à Hibernate, les sept longues pièces qui composent ce Resting In Aspic mastérisé avec l’attention au détail qu’on lui connaît par l’omniprésent Wil Bolton (Cheju, Biotron Shelf) prennent le temps d’embrasser la nature dans toute son ambivalence et d’en capter la lumière changeante au travers du voile diaphane de la subjectivité à l’image des superpositions vidéo du superbe Wet Roads, élégie finale en état de grâce où le piano laisse place aux harmonies célestes de Kate sur un lit de textures organiques en perpétuelle mutation :

En bonus, un mix passionnant offert à Fluid Radio qui en dit long sur les influences du duo, de Chihei Hatakeyama à Jacaszek en passant par Cindytalk ou Brian Eno.