Jamais vraiment où l’on l’attend, Leyland Kirby aurait pu faire dans la "facilité" au moment de nous livrer la suite de son triple album fleuve Sadly The Future Is No Longer What It Was de 2009 et dérouler à nouveau sur quatre heures d’errances aussi fascinantes qu’inégales son tapis de rêveries analogiques et d’évocations post-classiques d’un autre temps.

Mais voilà, passé cette année des distorsions solaires et futuristes du plus expérimental Intrigue & Stuff aux récollections lancinantes de An Empty Bliss Beyond This World avec ses boucles de vieux standards d’avant-guerre échappées des brumes d’une mémoire chancelante, c’est à l’aune de ces deux expériences radicalement opposées que l’Anglais désormais basé à Berlin a envisagé les élégies oniriques de cet Eager To Tear Apart The Stars, aux mélodies tantôt limpides et mélancoliques ou plus diffuses et vacillantes.

Malgré une pochette jumelle de celle de l’album de The Caretaker précédemment cité, aucun sample suranné ici mais la simple beauté d’un propos resserré et densifié jusqu’à atteindre l’équilibre subtil des bandes originales d’Angelo Badalamenti, cette métaphysique étrange aux confins du familier et de l’inquiétant, d’une sentimentalité candide et d’une conscience quasi tragique d’un monde aux allures de paradis déchu.