Tindersticks - The Something Rain
1. Chocolate
2. Show Me Everything
3. This Fire of Autumn
4. A Night So Still
5. Slippin’ Shoes
6. Medicine
7. Frozen
8. Come Inside
9. Goodbye Joe
Sortie le : 20 février 2012
Deux fois déjà qu’ils nous faisaient le coup du single en demi-teinte avant de retomber sur leurs pattes comme par magie, mais en l’occurrence au regard d’un second extrait un brin détaché et surtout privé de cette fièvre romantique chère aux fidèles du groupe (Slippin’ Shoes), ça semblait mal engagé pour la bande à Stuart Staples avec ce deuxième opus en trois ans chez Constellation.
Et pourtant... oui, pourtant, The Something Rain surprend en se révélant, sur la durée de l’album comme au fil des écoutes, capable d’approcher au plus près l’esprit du label canadien sans rien sacrifier à la personnalité musicale des Tindersticks, laquelle n’a évidemment rien de "post-rock". En privilégiant l’atmosphère aux chansons et le spleen à la flamboyance, les Anglais livrent un album gueule de bois capable de nous plonger, de ballades soul rétro (Come Inside) en complaintes opiacées (This Fire Of Autumn), dans une torpeur proche de l’état second avant de nous mettre en transe à coups de jams tendus mais tout aussi éteints et parcourus de ces saillies électriques ou autres digressions free jazz (Frozen) déjà remarquées en 2010 sur le titre introductif et morceau de bravoure de leur précédent disque, l’excellent Falling Down A Mountain.
Au long de ces neuf titres marqués par le psychédélisme italien des 60’s (Show Me Everything), la musique lounge vue par Morricone (A Night To Still) et la mélancolie baroque de John Barry au temps du Knack ou de Midnight Cowboy (l’instrumental Goodbye Joe), le trio de Nottingham se réinvente et paradoxalement, malgré un petit ventre mou essentiellement constitué du jazzy Slippin’ Shoes sus-mentionné, il fait bon s’accouder à la fenêtre et regarder la pluie éteindre les dernières braises d’un groupe désormais prêt à évoluer dans la plus enveloppante des grisailles.
Du spoken word désenchanté d’un Chocolate digne d’Aidan Moffat en intro (c’est l’organiste David Boulter qui s’y colle), avec sa lente montée en intensité qui voit guitare feutrée et claviers cristallins céder brièvement aux assauts désorganisés d’une horde de cuivres en liberté, jusqu’au single Medecine (en vidéo dans le cadre tracklist) dont la lancinante neurasthénie finit par trouver tout son sens ici, les Tindersticks ont accompli leur mue et nous offrent à nu leur chair triste, plus vulnérable et touchante que jamais.
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