Alors que le crew de Philadelphie continue de dévoiler au fil de ses vidéos le destin de Redford Stephens, petit criminel sans envergure dont la trajectoire à rebours de son décès par balle à 25 ans jusqu’à ce dernier souffle d’innocence disloqué par l’engrenage fatal du trafic de drogue occupe le propos de ce dixième opus, c’est NPR qui coupe court à l’attente en nous proposant l’écoute intégrale d’Undun à quelques jours de sa sortie.

Un album qui ne manquera pas de points d’ancrage pour déchaîner l’opprobre des puristes, de la participation d’un quatuor à cordes arrangé par Questlove en personne qui s’impose en fin d’album le temps d’une élégie néo-classique inspirée par l’instrumental Redford (For Yia-Yia & Pappou) de Sufjan Stevens - lui-même au piano au début de cette suite le temps d’une variation autour de ce titre issu de Michigan - aux refrains très pop de One Time ou I Remember comptant pourtant avec le magique Make My parmi les plus belles réussites de ce crossover, qui aurait d’ailleurs encore gagné à assumer jusqu’au bout ses envies d’émancipation.

On regrettera ainsi les interventions d’un P.O.R.N. nasillard au flow tout sauf élégant ou la boucle soul aussi poussive qu’interminable de Kool On mais au bout du compte le concept narratif emporte tout, puisant dans le destin familial du rappeur Black Thought dont l’intensité des rimes fait écho aux ravages causés parmi ses proches par la drogue et la criminalité qu’elle engendre, dans les refrains toujours aussi mélodiques et mélancoliques confiés à l’excellent Dice Raw (cf. les superbes Lighthouse et Tip The Scale), dans une finesse des arrangements marquée par la collaboration du groupe avec John Legend l’an dernier et une concision qui font de cet Undun en clair-obscur la véritable suite du fabuleux Rising Down, en plus feutré mais tout aussi épuré et poignant.