GP ! c’est le guitariste et producteur islandais Guðmundur Pétursson, entouré de Pétur Ben à la guitare et au violoncelle, Styrmir Haukson aux synthés, Valdi Kolli à la basse et Kristin Snær Agnarsson à la batterie et aux percussions. Soit un véritable petit ensemble zornien qui nous gratifie sur ce deuxième opus tout en ruptures, trois ans après les atmosphères bluesy et opiacées du grisant Ology, d’un jazz-rock instrumental délicieusement déglingué aux entournures.

On pense à Tortoise ou peut-être encore davantage à Algernon pour ces mélodies alambiquées et ces constructions libérées de tout carcan (The Good Life) qui ne rechignent pas à durcir et saturer le son sans prévenir à l’image des seconds (Heimkoman) mais sans rien perdre pour autant de leur finesse d’exécution.

Car si la musique de Guðmundur Pétursson est également plus cinématique et planante que celle des auteurs de TNT (les claviers analogiques y étant pour beaucoup), elle est surtout nettement plus lunatique : tour à tour contemplative et frontale (Masxino, qui s’emballe à mi-parcours pour nous en mettre plein les oreilles), expansive (Dolly) ou feutrée (MP Haircut), insidieuse (Tegund) ou dramatique à la limite de l’outrance (Septentrionalis) voire carrément psychédélique (...And Back To The...), les compositions à tiroirs qui constituent ce passionnant Elabórat sont comme autant de vignettes éprises de liberté, aussi difficiles à enchaîner par les mots qu’à saisir d’emblée dans toute leur jouissive complexité.