Le streaming du jour #149 : dEUS - ’Keep You Close’
Époque difficile que la nôtre où la musique est devenue bien de consommation rapide au point qu’il suffit d’un raté pour voir sévèrement éraflée aux oreilles de la jeune génération la réputation d’un groupe tel que dEUS.
Véritables héros du rock belge dans les années 90, une scène dont ils allaient incarner l’explosion peu après leur crash idéal de 99, dEUS auront connu bien des suiveurs, certains profitant même du semblant d’oubli dans lequel Tom Barman et sa bande menaçaient de tomber depuis leur anecdotique Vantage Point pour renier l’influence pourtant évidente de leurs mélodies fiévreuses et autres arrangements aux harmonies si singulières sur tout un pan de la pop indé du Plat Pays. Pourtant, quid de Mintzkov, Ghinzu ou même Venus sans le parcours du combo d’Anvers, également moteur créatif avoué pour les Girls In Hawaii ou encore les Néerlandais de Parkside qui seront peut-être bien les seuls à tutoyer les mêmes sommets avec leur superbe Cables de 2008, année justement de la chute présumée des dieux belges. Sauf que...
Sauf que débarque aujourd’hui ce Keep You Close, ou plutôt lundi prochain puisque l’écoute nous en est préalablement offerte via Soundcloud. Un sixième album produit par Adam Noble, fidèle metteur en son des Guillemots, et Dave Bottrill, Canadien qui fit ses premières armes du côté de Tool ou David Sylvian avant de collaborer avec Muse et Placebo, mais passons. Car c’est bien le groupe lui-même qui reprend les choses en main ici, renouant avec un talent pour les mélodies troublantes dont les dernières incarnations remontaient au trop sous-estimé Pocket Revolution (six ans déjà) et qui cette fois se contente pourtant de peu pour s’exprimer, naissant le plus souvent d’une relative simplicité pour s’étoffer au gré des montées en intensité en de véritables architectures mouvantes comme à la grande époque. Une patte inimitable dans les arrangements qui font feu de tout bois, des chœurs aux claviers en passant par les percussions, les orchestrations synthétiques ou bien sûr les subtiles dissonances des guitares mais sans ostentation ni trop-plein ; au diapason de la sobriété dont fera preuve Barman au chant tout au long d’un album dont le regain d’ambition ne semble pas moins transcendé par une constante envie d’en découdre, avec ces gueules de bois romantiques comme avec une certaine facilité dans laquelle le groupe était tombé par mégarde sur l’opus précédent.
Un peu comme si les flamboyants Flamands, épaulés par Greg Dulli (des Afghan Wigs et Gutter Twins) sur deux titres, étaient conscients d’avoir à nouveau tout à prouver mais également et pour la première fois en 20 ans d’existence (l’âge des Rockomotives où ils se produiront le 28 octobre en pleine tournée française) conscients de leurs limites, une humilité qui leur aura permis d’accoucher d’un grand disque à échelle humaine avec l’efficacité pour première préoccupation, oubliant paradoxalement leur couronne pour mieux nous démontrer sans même le vouloir qu’ils ne l’avaient jamais vraiment perdue.
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- 2 Tones - No answer from Retrograd
- Spice Programmers - U.S.S.R.
- Lynn Avery & Cole Pulice - Phantasy & Reality
- CID - Central Organ for the Interests of All Dissidents - Opium EP
- Darko the Super & steel tipped dove - Darko Cheats Death
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake
- Stefano Guzzetti - Marching people EP
- Leaf Dog - Anything is Possible
- youbet - Way To Be
- 2024 à la loupe : 24 EPs (+ bonus)
- Tomin - Flores para Verene / Cantos para Caramina
- Novembre 2024 - les albums de la rédaction
- 2024 à la loupe : 24 labels
- Leaf Dog - When Sleeping Giants Wake