Le streaming du jour #136 : Mia Doi Todd - ’Cosmic Ocean Ship’
Sur ce neuvième opus enregistré en quatre jours à peine en son fief de Los Angeles sous l’égide du producteur et multi-instrumentiste Jonathan Wilson, la grande Mia retrouve sa voix mais aussi le percussionniste Andres Renteria à l’œuvre sur son superbe Morning Music de 2009 pour accoucher de son disque le plus apaisé et coloré à ce jour, en toute simplicité.
Car si c’est bien le chant de la Californienne entendu pour la dernière fois sur l’album Gea en 2008 qui frappe d’emblée sur ce Cosmic Ocean Ship par sa chaleur confiante, sa force délicate et sa limpidité intactes, c’est finalement l’humilité et la spontanéité de l’ensemble qui surprend. Plus marquée que jamais par l’évidence mélodique des folklores brésilien, mexicain ou indien, Mia Doi Todd laisse parler son cœur dans les moments de joie comme de tristesse, allant jusqu’à s’approprier quelques classiques sud-américains en version originale tel que le Canto de Iemanjá de Baden Powell de Aquino et Vinícius de Moraes, jazzy et lancinant à souhait sur plus de 6 minutes, ou encore Gracias a la Vida du Chilien Violeta Parra qui vient clore l’album sur un merci à la vie paradoxalement spleenétique et poignant.
"Comme toutes mes chansons, celles-ci sont très sérieuses et personnelles, mais j’espère qu’elles sont également universelles, et qu’elles sont capables d’atteindre le cœur des gens et de les exciter ! La vie moderne exige beaucoup de nos esprits et de nos corps, au point que l’on en devient insensible et endurci. Les chansons de Cosmic Ocean Ship offrent une chance pour un adoucissement, une ouverture du cœur. Elles sont pleines de joie !", explique l’auteur de The Golden State (2002) qui n’en oublie pas pour autant de nous gratifier de quelques-unes de ces complaintes crève-cœur dont elle a le secret, de La Havana relevé d’arrangements de cordes à la gravité pudique, au fabuleux The Rising Tide qui fait écho à la douloureuse mélancolie de Growing Pains sur le chef-d’œuvre sus-nommé.
Quoi qu’il en soit, si la beauté dans le dépouillement et la richesse des sentiments dans l’épure formelle sont comme on le dit souvent l’apanage des plus grands, alors Mia Doi Todd aussi méconnue puisse-t-elle demeurer et sans avoir l’air d’y toucher, tutoie bel et bien ici les sommets gravis en leur temps par Nick Drake ou Tim Buckley.
En écoute sur we7, Deezer et Spotify.
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