On l’avoue, au début on a pensé à une blague, tant l’univers du poète urbain new-yorkais et celui des "Quatre Cavaliers de l’Apocalypse", figures de proue du thrash metal, semblent aux antipodes l’un de l’autre. Lou Reed et Metallica, et pourquoi pas Brian Eno et Corbier pendant qu’on y est ? (allez, tous à vos mash-ups !)
Et puis il a fallu se rendre à l’évidence, le projet est tout ce qu’il y a de plus officiel puisqu’il possède son propre site internet (rappelez-vous les enfants, tout ce qui est sur internet est VRAI). On y apprend que l’album, déjà enregistré et programmé pour une sortie le 31 octobre dans nos contrées, portera le doux nom de Lulu, non pas en hommage à la moitié du célèbre duo de M6 mais plutôt en référence à deux pièces du dramaturge allemand Frank Wedekind, Erdgeist - L’esprit de la Terre et Die Büchse der Pandora - La boîte de Pandore, qui inspirèrent paroles et musique au sieur Reed en vue d’une performance théâtrale mise en scène par Robert Wilson, et à laquelle les Parisiens pourront assister du 4 au 13 novembre prochain au Théâtre de la Ville.
Replacé dans le contexte sombre, cru et tragique de l’oeuvre de Wedekind, Lulu prête soudain moins à rire, et si l’on ne sait toujours pas vraiment pourquoi monsieur Velvet Underground a décidé d’associer la bande à James Hetfield à l’affaire, on est un petit peu rassuré quant à la teneur et au sérieux de cette collaboration. On se prend même à espérer secrètement qu’elle saura proposer la même noirceur mélancolique que le mythique Berlin de 1973 auquel le destin de l’héroïne de Wedekind fait forcément penser. Et dans le pire des cas, si les craintes initiales s’avéraient fondées, on pourra toujours se consoler en se disant que les "anciens" qui ont assisté à la sortie de Metal Machine Music ne seront désormais plus les seuls à avoir expérimenté le côté troll de Lou Reed.
Photo : Anton Corbijn