"Étalons fougueux d’un jour, bêtes maudites et castrées la nuit", scande sur Equus une voix au bord de la folie dans un déferlement de dissonances électriques et de battements frénétiques. Et c’est vrai qu’ils n’ont pas l’air commodes ces chevaux qui nous annoncent depuis leur inquiétant mirage désertique l’arrivée le 6 octobre chez Jarring Effects du troisième opus des imposants Lyonnais :

C’est toutefois un autre titre, le tourbillonnant Nynias, en référence à un supposé tyran d’Assyrie aux relations incestueuses, que l’on vous propose en avant-première pour vous faire une idée de cet Assyrian Vertigo évocateur de civilisations à l’expansion aussi vertigineuse que ces martèlements tribaux et cuivres martiaux mais tout aussi promptes à tomber dans l’abysse de l’oubli lorsque les guitares barbelées et autres claviers lancinants, comme happés par une atmosphère à la tension de plus en plus délétère, s’effondrent soudain dans un souffle :

De quoi se faire une bonne idée également du chemin parcouru par Picore depuis L’Hélium du Peuple, d’une puissance décuplée par l’usage d’une batterie live en lieu et place des boîtes à rythmes parfois trop monolithiques et connotées indus, jusqu’à un sens du contraste entre breaks atmosphériques et embardées bestiales capté à la perfection par Oktopus, producteur de Dälek qu’ils avaient accompagné lors de la tournée Abandoned Language en 2007 et véritable septième membre du groupe sur cet album enregistré à New York dans ses studios Deadverse, après trois ans de réinvention sonore qui aura vu la formation jeter l’équivalent d’un album entier aux oubliettes.

Mixé ensuite sur place par Alap Momin (Dälek, This Immortal Coil) puis mastérisé par Alan Douches (Converge, Sufjan Stevens), Assyrian Vertigo s’annonce aussi épique dans sa progression que dense dans sa narration, alternant instrumentaux massifs et plages spoken word plus entêtantes. En un mot, ambitieux comme jamais, et la tournée devrait s’en ressentir entre octobre et novembre avec notamment Scorn (dont l’influence pesante et vénéneuse se fait nettement sentir ici), Aucan ou encore Idem (auteurs d’un nouvel opus Good Side Of The Rain également très attendu qui verra lui aussi le jour début octobre, non plus chez JFX mais du côté de Yotanka), les deux premiers participant par ailleurs au CD de remixes accompagnant l’édition digipack de l’album, en compagnie de Von
Magnet, Dirge, Hint ou, bien sûr, Dälek.