A ceux qui craindraient que le post-rock n’ait plus rien de bon à offrir, il reste toujours Bandcamp et des micro-structures telles que le label autrichien Valeot Records qui vit notamment passer les excellents Port-Royal et prépare déjà la relève de l’autre côté du Rhin.

Vous aurez donc droit aujourd’hui à deux groupes, deux (courts) albums et autant de visions de ce non-genre par excellence. Tout d’abord le trio anglais The Pattern Theory relocalisé à Berlin et auteur ici d’une collection d’instrumentaux élégants et mélancoliques tirant l’air de rien sur un math-rock cristallin et polyrythmique à la façon de Tortoise, pour finalement transcender les faux-airs de recette sagement appliqués dont aurait pu souffrir ce premier opus sans ces discrètes nappes de claviers futuristes qui irradient derrière les successions d’arpèges et de percussions de type vibraphone aussi limpides que tortueuses.

Quant au combo viennois Tupolev, il privilégie avec Towers Of Sparks une veine nettement plus aventureuse, sous l’impulsion d’un piano jonglant entre atonalité, dramaturgie et mélancolie jazzy sur fond de rythmiques complexes aux emballements fréquents, d’interférences électroniques parfois noisy et d’harmonies atypiques influencées par la musique "savante". Animé d’un sens de la rupture qui ne laisse pas un instant de répit même dans les passages les moins dynamiques, un album qui doit finalement autant à John Zorn ou à la musique de chambre contemporaine qu’à Talk Talk ou Gastr Del Sol, de quoi nous rappeler que l’étiquette "post-rock" n’est jamais aussi pertinente que lorsqu’on en use faute de mieux.