Actifs il y a une décennie dans l’underground de Brooklyn où ils organisaient les soirées Revenge Of The Muse qui les voyaient déjà fricoter avec des beatmakers déviants tels que Mike Ladd, Anti-Pop Consortium ou Cannibal Ox, les trois artilleurs de No Surrender avaient choisi le bon moment pour s’atteler à leur premier opus, celui de l’explosion de TV On The Radio en 2004 qui leur ouvrait la voie royale pour imposer leur fusion habitée d’électro-pop, de hip-hop, de soul et d’afro-rock.
Oui mais voilà, croyez-le ou non, il aura fallu qu’Eddie Steeples, acteur à ses heures depuis le début des années 90, se retrouve propulsé second rôle récurrent de la série comique américaine My Name Is Earl (Crabman, c’était lui) avec pour résultat la mise entre parenthèse du projet jusqu’à l’arrêt du show en 2009.
Qu’importe néanmoins si nos trois bonshommes ont raté leur passeport pour la gloire, car sans les rencontres qu’auront permises ces années de hiatus qui sait à quoi aurait ressemblé ce Medicine Babies qui s’annonce aujourd’hui sous les meilleurs auspices : enregistré au studio ZerOKilled de Costanza Francavilla, ancienne muse de Tricky du temps de Vulnerable qui endosse également les casquettes de chanteuse sur deux titres, productrice et boss de label, il aura ainsi fallu pas mal de renforts électroniques pour accoucher de ce premier album officiel, des collaborateurs récurrents de la dame Folco Peroni (We Reset) et Brando Lupi (Detune) au duo anglais Radioclit en passant par le néo-zélandais FreQ Nasty croisé comme ces derniers du côté de Santigold, sans parler des participations de Niki Darling et de la DJ new-yorkaise Monica Sharp au chant chacune sur un titre ou encore des afro-shoegazeux d’Apollo Heights.
En attendant le 16 juin, place donc aux singles pour un avant-goût prometteur avec d’abord Godda Get It qui semble croiser le synth-hip-hop gothique des Restiform Bodies avec le son des productions dance-rock de Dave Sitek :
... puis en guise de plat de résistance l’excellent Silver Hall produit par Radioclit auquel Tunde Adebimpe vient prêter son organe de soulman tribal sur fond de beats insondables à la Mezzanine, d’harmonica et de distorsions électro minimales, autant dire que quand le rap du trio s’en mêle on est tout prêt des hybridations épiques d’un Subtle en moins épileptique et volubile :
Voilà qui n’augure donc que du bon pour les deux passages prévus par le groupe sur les scènes françaises, le 24 juin au Social Club pour les Parisiens puis le lendemain à Évreux dans le cadre du festival "Le rock dans tous ses états" qui n’aura pour le coup jamais aussi bien porté son nom.