Impliqué notamment dans l’écriture des deux premiers opus de Julee Cruise à l’époque de Twin Peaks ou plus récemment dans l’album collaboratif de Sparklehorse et DangerMouse, Dark Night Of The Soul dont il avait réalisé les photos du livret, David Lynch a toujours prêté une grande importance à la musique. En témoignent en outre les scores de ses films composés par Angelo Badalamenti au rôle souvent prépondérant, ou plus récemment l’album BlueBob enregistré avec John Neff en 2001 et qui le voyait tenir la guitare et manier les effets avec plus ou moins de bonheur. Suite à ces expériences, le cinéaste avait même lancé son propre label en 2008, David Lynch MC, après avoir pris le micro pour la première fois sur la BO d’ Inland Empire en 2006 dont il signait lui-même plusieurs morceaux.
C’est donc sans réelle surprise mais avec un certain intérêt que l’on apprenait il y a quelques semaines le retour de l’auteur de Lost Highway sur disque avec un double single et ses remixes à paraître le 31 janvier chez Sunday Best dans divers packagings physiques ou numériques.
En attendant des relectures prometteuses sur le papier par Jon Hopkins, Underworld ou encore le très hype producteur dubstep Skream, on connaît déjà les originaux, bénéficiant tous deux d’un clip réalisé non pas par le cinéaste lui-même mais par l’un des deux gagnants d’un concours organisé l’an dernier, sélectionnés par Lynch parmi pas moins de 450 participants. Deux clips forcément en correspondance avec l’univers de l’Américain néanmoins, qu’il s’agisse de la vision étouffante et morbide de la cellule familiale développée par le Français Arnold de Parscau dans la vidéo de Good Day Today :
... ou de la mise en abîme du cinéaste en tant que démiurge qu’a choisi d’illustrer avec davantage de subtilité l’Israélien Tamar Drachli pour I Know :
Quant aux morceaux en question, si le second impressionne avec son trip-hop bluesy rappelant les atmosphères feutrées mais dérangeantes d’un Blue Velvet, on n’en dira pas autant du premier, tentative électro-pop où la voix vocodée du cinéaste matraque sans grande finesse son refrain hédoniste ("I wanna have a good day today") sur un beat house répétitif et ce qui qui ressemble vaguement à une boucle saccadée de nappe de clavier samplée sur Badalamenti. Heureusement le remix de Boys Noize offert au téléchargement ci-dessous est déjà un peu plus réussi, en espérant qu’il en soit de même pour la suite :