WRNLRD - Death Drive EP
En moins d’une vingtaine de minutes, le Death Drive EP de WRNLRD injecte des éléments avant-gardistes et expérimentaux dans le cadavre encore chaud du Black Metal pour un résultat totalement envoûtant et époustouflant.
1. Precursor
2. Grave Dowser
3. Moonlight Ride
4. Luster
5. Death Drive
N’y allons pas par quatre chemins. Cet EP de WRNLRD est l’une des choses les plus incroyables entendues cette année pourtant riche en disques bizarres et déviants. D’abord, il s’agit d’un album au concept fort, clairement exposé et détaillé dans l’indispensable Operator’s Guide To The Death Drive Of Wrnlrd For The Use Of Mind : Death Drive fait référence à « la figure séminale chère à la musique pop américaine de l’accident automobile comme rituel permettant d’échapper à l’imminence de l’âge adulte » mais aussi au « disque dur de l’ordinateur » puisque certains instruments ont été enregistrés live directement en numérique alors que d’autres ont été reproduits par un logiciel informatique. Et qu’il s’agisse en plus d’un disque de Black Metal, ne fusse-ce même qu’un EP, voilà qui n’est pas banal. Toutefois, le terme Black Metal est ici vraiment utilisé par défaut. Car cet EP est bien plus que cela : il aurait tout autant pu être affublé de l’adjectif expérimental, à moins que, peut-être, le vocable drone soit plus approprié. Bref, et c’est un euphémisme, la musique que donne à entendre Death Drive est bien difficile à catégoriser. Et c’est très bien comme ça.
Disponible au format vinyle ou au téléchargement via FSS, éblouissant label dirigé par le co-fondateur de Kranky, Bruce Adams, Death Drive EP est le neuvième forfait de WRNLRD (dont sept albums depuis 2005, les chutes du dernier, Myrmidon en 2009, servant de base aux morceaux présentés ici) et est en tout point remarquable.
Du Black Metal, donc. Dès Precursor, premier titre d’à peine une minute vingt, c’est vrai que l’on retrouve les partis pris esthétiques inhérents au genre : guitares barbelées, riffs cradingues et violents, basse énorme, voix gutturale. On note toutefois déjà la présence de quelques soli numériques improbables qui n’ont vraiment pas leur place ici. Improbables et noyés dans la masse, difficilement audibles. Il faut bien tendre l’oreille pour les déceler. C’est que cet EP est formidablement produit, ou plutôt non produit et cela pare les morceaux d’une esthétique lo-fi du plus bel effet : franchement sale et saturée, peu détaillée et patraque.
La suite s’enfonce un peu plus profondément dans le bizarre et l’insolite : que dire de ces chœurs iconoclastes qui parsèment Grave Dowser et surtout de ces lignes de saxophone virtuel contrôlées par ordinateur qui viennent clore le morceau ? Et puis, on trouve aussi une pedal steel guitar à la fin de Moonlight Ride avec Dwid Hellion d’Integrity aux hurlements. Et le suivant, Luster, voit même un piano lugubre et élégant voler la vedette au capharnaüm précédent. Un piano, seul. Un piano et rien que lui. À peine a-t-on le temps de se demander ce qu’il peut bien faire là au milieu de cet EP, que l’accordéon inquiet de Death Drive déboule pour 1 minute 30 de drone sépulcral avant que guitares et basse ne reprennent le pouvoir.
L’ensemble sonne incontestablement dégénéré, c’est même absolument n’importe quoi, mais c’est aussi complètement irrésistible et époustouflant.
On ne sait pas grand chose de l’entité WRNLRD, si ce n’est qu’elle est originaire d’Arlington (Virginia), qu’elle est le fruit de la créativité d’un seul homme et qu’elle compte dans ses rangs un certain Buccinator (gorge) qui aime s’époumoner sur les instrumentaux singuliers d’Iksnis (lead guitar, piano et accordéon) et WRNLRD (tout le reste, c’est-à-dire guitares, basse, batterie, vocaux et ordinateur). Lequel vient de commettre un disque de Black Metal totalement avant-gardiste et expérimental qui appose crûment, et en moins de vingt minutes, sa marque sulfureuse et originale sur une année décidément hors-norme et par extension, à n’en point douter, sur toutes celles à venir.
Brillant.
Le trailer de Death Drive EP :
Death Drive
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- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
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